Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Wednesday, July 20, 2005
de l'universite a de nouvelles funerailles..ainsi va la vie en Palestine/ From university to funerals...so is the life in Palestine
Mercredi 20 Juillet, Universite arabe-americaine de Jenine,
Le temps s’accelere et j’ai du mal a tenir mon journal et mes pensees en ordre. Ces quelques derniers jours ont ete tres intenses. Je suis retournée a Al-Aqaba, un tout petit village dans un cadre magnifique qui a reçu plusieurs avis de demolitions, notamment pour le jardin d’enfant et la Mosquée. Le cas doit passer a la cour supreme dans les prochains mois. Le maire Had Sami, handicapé, est admirable par sa volonté de se battre pour son village. J’ai aussi fait des interviews avec des etudiants. On a parlé de leur vie, de leur difficulté, de leurs espoirs. Comme tous les etudiants ils veulent construire un avenir, avoir un bon travail ; fonder une famille. Beaucoup de similitudes chez eux. Tout d’abord la valeur qu’ils accordent a l’education : « Mon education est mon moyen de resister », ' mon stylo est mon arme'. Tous travaillent dur pour reussir. Aussi j’ai été frappée par leur amour profond de la Palestine. La plupart d’entre eux veulent rester ; malgré les difficultés. Enfin, et cela est plus triste, ils ont tous perdu foi en une solution politique, et dans la communauté internationale. L’Intifada va continuer selon eux et la paix n’est pas possible. Comment leur redonner espoir ? Mais peu importe l’avenir- ils ont la volonté de rester et de construire une vie meilleure. Tous ont des histoires tragiques, d’amis perdus, de membres de famille emprisonnés, d’invasion de leur maison par les soldats. Ils savent que tout peut basculer et que l’université n’est pas un sanctuaire.
Au cours d’un entretien avec deux etudiants Mohammad et Rami originaire d’un petit village pres de Jenine, un etudiant a fait irruption pour nous dire que deux jeunes de Yamoun, un village pres de Jenine, ont été tué ce matin par l’armée israélienne. Ils etaient des leaders mocaux des brigades de Al-Aqsa. Les deux jeunes se proposent de m’accompagner. Ainsi va la vie en Palestine. Toujours quelque chose se passe qui interrompt la vie quotidienne. Nous arrivons au village lors de la procession pour les martyrs. Ils sont portés par une foule en colere. Il y a beaucoup de tirs et de larmes. Les corps sont recouvert d’un drap, un deux a été transpercé par le sang qui est maintenant seché. Le moment le plus terrible est lorsque les corps arrivent à l’entrée du cimetière où sont massées les femmes. C’est ici qu’elles vont leur dire un dernier adieu. A travers le zoom de la camera, je decouvre avec horreur les visages tuméfiés, recomposés des martyrs. L’opération militaire a eu lieu dans la matinée. L’armée a encerclé la maison où etaient les deux hommes recherchés, ont coupé des arbres pour dégager la zone et ont commencé à détruire au bulldozer la maison. Un des hommes a tenté de s’enfuir et a été abattu de plusieurs balles dans la tête et le corps. L’autre a péri dans la maison. Morts atroces. Est-ce cela le respect de la trève par Israël ?
Nous passons à la maison détruite, les gens tiennent à me montrer le sang séché où Warrad est mort. Il reste même des morceaux de son crâne. Le soir je vais visiter le village des etudiants. Je reste avec la famille de l’un d’entre eux en toute simplicité. Je passe du bon temps avec les étudiants qui adorent leur village et je peux comprendre pourquoi. Mais j’ai du mal à dormir ce soir là.
ENGLISH
Time is going very fast and have problems to put in order feelings and ideas. Those last days have been very intense. I went to visit a small village on which I was working on last year. Al Aqaba is a beautiful village surrounded by mountains. It has faced many problems in the past because it was in the middle of a military training field. Now the training stopped but problems and threat to its existence continues, through intimidation acts or demolitions orders. The newly built kindergarten and Mosque are now threatened and the case will be brought in front of the Israeli Supreme Court. Hadj Sami, the mayor of the village, is determined to fight for his village.
The next following two days I conducted a serie of interviews with some students of the university. It was very interesting and I was quite moved by some of them. All have their tragic stories to tell, members of family killed or arrested, humiliations at checkpoints, invasions of their homes. They feel not safe at the university and know that everything can rapidly change, for the worse. “My way to resist is my education”, “my weapon is my pen”. Education is considered as the most important thing for them. They are determined to success despite of everything and work very hard. They do not know what the future holds for them but they will try their best. I was especially struck by their love of their country. But also so sad to see that they have no hope for a change and especially do not trust the international community. Who can blame them?
During an interview with two students Mohammad and Ramzy that come from the same village, another student interrupted us to tell us that two members of Al-Aqsa have been killed by the Israeli army in Yamoun, a nearby village. Here is the life in Palestine. Always something comes up to interrupt the daily life. The two students offered me to accompany me in Yamoun. We arrived in the village during the funerals procession. The two bodies were carried by the angry crowed. Men were shooting in the air, while the women standing on the roofs and balconies were crying. One of the sheet that was covering the body was stained with blood. The two martyrs were killed in a very bad way. The Israeli army surrounded the house they were hiding in, destroyed some trees to clear the area and bulldozed the house. One of them Warrad tried to escape and was shot different times in the head and bodies, while Ibrahim was killed in the house. Is that how Israel respects the truce?
The most terrible moment was when the bodies arrived at the entrance of the cemetery where the women of the two families were all waiting to say a last goodbye. They uncovered the sheet and through my camera I discovered with horror the recomposed and swollen faces. The women were shouting and crying.
Then we went to visit the destroyed house and the people took me to see the blood on the floor indicated where Warrad died. There were still some pieces of his skull. I spent the night in the village of the students with their families. People were so nice and the students loved their village. I could understand why. We had a nice time but still I could not sleep very well that night.
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