Dimanche 13 Novembre. Naplouse la belle, la fière et la rebelle.
Je suis en train de boire tranquillement mon thé chez la famille palestinienne qui m’accueille lors de mon week end à Naplouse. Nous parlons politique et des prochaines élections municipales. Les femmes sont aussi passionnées que les hommes. Soudain, quelqu’un frappe à la porte. Deux hommes débarquent avec des grosses mitraillettes en bandouillere. Le premier, dénommé Basem, a un visage peu commun et des grands yeux fascinants. Avec ses habits et sa casquette militaires, il a toute l’apparence d’un combattant. Apres avoir salué l’assemblée, ils s’installent et sont vite servis en thé et nourriture. Je remarque au passage que les deux sœurs de mon collègue ont disparu dans la cuisine. Je ne sais pas si c’est par pudeur, désapprobation ou pour éviter de se trouver à côté de cibles militaires potentielles. Mon collègue m’explique qu’ils sont des « wanted men », des hommes recherchés par l’armée israélienne. Ils appartiennent à une des branches armées du Fateh, le parti principal, prénommées les brigades Al_Aqsa. Je ne suis pas trop surprise. Naplouse est réputée pour être une ville « dure » qui cache de nombreux combattants. Lors de mes passages précédents, j’avais pu aussi remarquer des hommes qui se promenaient en pleine rue avec leurs armes ; chose qu’on ne voit pas à Ramallah. Les armes qui me sont montrées proviennent selon eux directement de la mafia ou des soldats Israéliens. Les deux membres des brigades de Al Aqsa rigolent, ils se connaissent tous depuis longtemps et sont des enfants du quartier. Pourtant on peut saisir une sorte de lassitude dans les yeux et leurs traits sont tirés. Ils doivent être sans cesse en déplacements pour tromper l’armée israélienne. Chaque nuit, ils couchent à des endroits différents, la plupart du temps dans des cachettes de la vieille ville de Naplouse. Les contacts avec leur famille sont furtifs, et ils peuvent mourir à tout moment. Basem a déjà échappé cinq fois à la mort. Tous les groupes armés n’ont pas la même philosophie quant aux tactiques ou à la finalité de la lutte, notamment sur le fait d’attaquer ou non des civils en Israël. Le dénominateur commun est cependant la fin de l’occupation militaire israélienne en Cisjordanie et Gaza. Une fois partis ; mon collègue m’explique qu’il est habituel que des hommes recherchés rentrent chez les gens. Ils dépendent en effet de l’hospitalité des habitants et ils jouissent d’un certain respect auprès de la population.
Les rues de Naplouse sont tapissées des portraits de martyrs. Lors de notre ballade dans la vieille ville, j’ai rencontré Ehme Askar, surnommée la mère de tous les martyrs. Elle apporte son aide aux hommes recherchés, leur donne à manger, s’occupe de leur linge. Sa chambre est tapissée de leurs photos. Beaucoup d’entre eux sont morts ou en prison. Elle me montre un paquet de bonbons à la menthe qu’elle sert dans ses bras avec un message écrit au feutre. Il s’agit d’un cadeau d’un de ses préférés en prison. La culture des martyrs est aussi particulièrement forte dans le camp de réfugiés de Balata ; situé à quelques kilomètres de Naplouse. Dans le cimetière, ce sont des enfants qui me conduisent sur la tombe des derniers martyrs. Cela fait partie de leur quotidien, de leur système de référence et ils peuvent réciter les noms et les circonstances des morts des martyrs par cœur.
La ville de Naplouse est très imprégnée par l’Intidada. Elle reste marquée et meutrie par l’invasion militaire israélienne d’Avril 2002 pendant laquelle environ 80 personnes avaient été tuées tandis que la vieille ville avait été pratiquement détruite. Aujourd‘hui encore, des destructions restent visibles. Autrefois une des villes les plus actives et fréquentées de Palestine, appelée « petite Damas » à cause de la beauté de sa vieille ville, dont les fondations datent de 4 500 ans et qui est digne de figurer au patrimoine mondial de l’UNESCO, Naplouse et ses 332 000 habitants est en train d’être asphyxiée et elle paye fort le prix de sa réputation de ville rebelle. Entourée de montagnes et de checkpoints, la ville est facilement coupée du monde et du reste de la Palestine. La combinaison des restrictions à la liberté de circulation des personnes et des biens ainsi que les bouclages fréquents ont décimé l’économie autrefois florissante de la ville. L’armée israélienne contrôle tous les mouvements de la population à partir du checkpoint principal de Huwwara qui est réputé pour être un des plus difficiles de Cisjordanie. Le gouvernement israélien a annoncé par ailleurs que le checkpoint de Zatarra, au sud de Naplouse allait être transformé en un terminal qu’il sera difficile de passer et qui isolera encore plus le Nord de la Cisjordanie.
A Naplouse, les vieilles pierres cohabitent donc avec les armes. Une nouvelle fois j’ai été frappée par la beauté de la vieille ville, avec ses arches, ses vieilles pierres, ses rues étroites. Pour moi il s’agit de la plus belle ville de la Cisjordanie, et restaurée serait assurément une des perles de la méditerranée. Naplouse est étouffée et se fane petit à petit. Quel gâchis.
Ps : le lendemain de ma visite, les troupes israéliennes ont envahi Naplouse et tué un des hommes les plus recherchés en Cisjordanie, le commandant pour le nord de la Cisjordanie des brigades Izzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, qui a aussitôt déclaré qu’ils allaient répliquer.
ENGLISH
We were quietly sitting having tea; talking about politics with the family that invited me while at 11 pm there was a knock at the door. then I saw two guys with military clothes entering with big guns. they just sat down. and have tea. my friend explained me that they were wanted- i.e. wanted by the Israeli army because they belong to a armed group; Al Aqsa Brigades. One of them; Basem, had huge fascinating eyes where you could see sometimes for a few seconds some profound sadness or lassitude. They can be killed at any time.Basem has been nearly killed five times. they have to move all the times, they sleep in different places, most often in the Old City. They can hardly see your family. I was not surprised to see them. In In Nablus they are many and it is normal that they go around with arms. they are welcomed in many houses. I went for instance to visit a old Palestinian woman called "the mother of the martyr". She is dedicated herself to help the wanted men, washing their clothes and feeding them.
Her room was covered with their pictures; many of them she explained had been killed. She showed me a bag of candies with some writing of it which was sent by some prisoners.
they rely on other's people for their daily survival.Nablus is very well known for being a tough city which resist. It pays a high price for this. Nablus is often sealed off. Once it was very well know for being the econonic center of Palestine. Now it is slowly suffocating. It was also harly hit during the Operation defensive shield in April 2002 during which the Old City suffered extensive damage. The walls there are covered with the posters of the martyrs of the city.
Undre the posters, the old beautiful stones. The foundations of the city dates from 4,500 years! For me the Old Cuty of Nablus is the most beautiful city in the West Bank. Rehabilited it will be a treasure of the Middle East, but it is dying slowly, slowly. What a waste.
ps: the next day of my visit, the soldiers invaded the city and killed the local leader of Hamas which announced it will retaliate.
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