Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Monday, October 23, 2006
Ramadan Time
(c) Anne Paq/tourbillonphoto.com
Ramadan time, October 2006.
Cocktail de Ramadan
(English Follows)
Le Ramadan touche à sa fin. J’ai aimé de vivre ce temps ici. Certains internationaux n’ont pas aimé être là à cette periode. Il faut faire attention à ne pas manger ni boire dans la rue pendant la journée. Les restaurants et cafés ne servent plus d’alcool à part un à Ramallah qui est devenu alors très populaire. Les gens quittent leur bureau à 2 heures de l’apres midi. Le travail devient plus lent. Les gens deviennent aussi plus nerveux plus irritables, surtout à partir de 3 heures de l’apres midi. Tout le monde se demande alors, comme tous les jours : « serais-je à l’heure à la maison pour Iftar ? » (iftar est le moment où on casse le jêune, vers 17 heures le soir apres avoir jeûné toute la journée). Les embouteillages deviennent aussi encore plus importants. Les klaxons retentissent ainsi que les petards et les feux d’artifices le soir. On a appris à distinguer ces sons des balles mais ce n’est pas plus agreable aux oreilles.
La plupart des Palestiniens respectent Ramadan, mais bien sûr certains détournent les règles et on les voit fumer et boire leur café dans les arrières-boutiques…mais il y a vraiment une atmosphère spéciale. J’aime être ici dans cette période. J’aime tous ces patisseries spéciales et ces jus aux couleurs bizarre que tout le monde vend au coin des rues. J’aime voir les familles sorir le soir. Les illuminations. Le marché dans les rues avec les bonbons, les bottes rose bonbons, les barapapa…tant de couleurs. Il est vrai que cette année c’est un oeu dur, beaucoup ne peuvent pas acheter autant de cadeaux que d’habitude. J’aime bien sûr l’iftar, le moment de la journée, vers cinq heures, quand le soleil se couche, où nous cassons le jeûne après toute une journée sans manger ni boire. Tout le monde se retrouve. Le Muzzin (la personne qui chante de la mosquée) commence à réciter le Coran, mais il faut encore attendre qu’il prononce le « Allah Akbar » (Allah est grand). Il y a dans l’air une impatience, une joyeuse attente avec de commencer le repas. Traditionnellement nous commençons par un verre d’eau et une date. Je ne jêune pas. Je bois dans la journée mais j’ai prisl’habitude de ne pas manger. Je suis donc impatiente aussi tous les jours et le repas est une fête, un partage. Une de mes meilleures amies qui est Palestinienne, Amani, m’appelle toujours pour savoir oùje vais passer iftar. Pas question de me laisser manger seule. L’iftar c’est avant tout un partage. J’observe que dans sa famille, ils mangent tous ensemble pour le ramadan, alors que d’habitude ils mangent à des heures différentes.
Comme toujours, mais encore plus que d’habitude, les photos que j’ai prises lors de cette période sont toutes en contrastes. Dans ces occasions, l’occupation semble encore plus cruelle. Des personnes affamées coincées à des checkpoints ; des Palestiniens qui ne peuvent aller visiter leurs proches de l’autre côté du Mur ; Gaza sans electricité ; des personnes gênées car ils ne peuvent donner des cadeaux. Des pères, des fils, des mères, des filles en prisons ou morts…en ces temps de fête ; l’absence des proches (et il y en a dans chaque famille) se fait cruellement sentir. A partir de 3 heures, quand les Palestiniens essayent précisement de rentrer chez eux ; les checkpoints deviennent bizarrement plus lents. Pourquoi vérifier ces vieilles femmes palestiniennes entre bethlehem et Hebron qui rentrent chez elles ? Hier je suis allée faire le tour des checkpoints car c’etait le dernier vendredi du ramadan. A Qalandia (le checkpoint principal entre la cisjordanie du nord et jerusalem) c était le chaos. Tous les hommes en dessous de 45 ans ne pouvaient pas passer. Je garde en tête l’image d’une vieille femme discutant avec un soldat impassible. Il l’a envoyé ballader, sans lui parler, d’un simple revers de la main. Joyeux Ramadan. Jérusalem, si proche du cœur de tous les Palestiniens, et seulement à quelques kilomètres est resté innacessible pour la plupart. Ensuite nous avons continué notre tour en suivant le mur, en direction de Jerusalem. A Al Ram nous avons rencontré des soldats qui nous ont joyeusement expliqué leurs grands succes de la journée : « nous avons coupé des cordes et cassé les échelles » (les Palestiniens, en desespoir de cause, ont essayé de passer le Mur en employant des cordes et des echelles). Grands succes de l’armée israélienne. A Jerusalem ; la foule etait quand même impressionnante (même si beaucoup de Palestiniens de Cisjordanie n’ont pu se rendre à Jerusalem, il y a bien sûr les 200 000 Palestiniens résidents de Jérusalem Est et les Palestiniens résidents en Israël). Une rivière de pélerins deferlant de la porte de Damas.
Le soir, de retour chez moi, je regarde les informations sur la chaîne française. Je suis contente car ils ont montré les incidents qui ont eu lieu pendant la journée, notamment à Bethlehem où la plupart des Palestiniens n’ont pas pu passer. Les images des soldats en train de battre et de lancer des gaz lacrimogènes au milieu de la foule sont choquantes. Je me demande si ces images seront montrées en Israël. J’en doute fort.
Joyeux Ramadan ; voila ci-dessous une série de photos que j’ai prises lors de cette période, une nouvelle fois tout en contraste d’un Ramadan sous occupation. Ramadan, les patisseries, et les checkpoints ; un cocktail difficile à avaler.
ENGLISH
Ramadan Cocktail
Ramadan is almost over. It was a good time to be here. Some foreigners do not like it so much. You have to be careful not to eat openly in the streets during the day; also not to drink.
Most restaurant and bars do not serve alcohool during Ramadan; which makes the fortune of the only restaurant in Ramallah which continues to serve some. Between 3 and 5, many people are getting edgy and nervous after a whole day of fasting. I have seen a lot of fighting. Traffic jams also are getting worse during Ramadan time. It is also definitly not a good time if you want to work hard. People finish early, everything slows down.
The everyday main question is: will I be at home for iftar? (iftar is the moment where you break the fast and eat with your family).
Most persons respect Ramadan but some are also sneaking around with the rules- smoking and drinking at the back of the shops…but still there is a general sense of a special time. I like it. I like all the sweets and to see families out at night, walking around and looking at the market. The lights and the balloons. But many cannot buy as many things as usual.
I like iftar when everybody comes together to eat. There is a sense of impatience. Everybody waits to hear the “Allah Akbar” (Allah is great) from the Mosque. Then you can finally drink and eat. I took the habit not to eat but I drink during the day. Not to eat was not so difficult and it was nice to be at the same rythm as the Palestinians. Me too I am everyday impatient to hear the Allah Akbar and enjoy the sharing of the food. One of my best friends, Amani, who is Palestinian always calls me before iftar to know when I am going to eat. Because nobody is supposed to eat alone during Ramadan. In that family usually they do not eat together but in Ramadan time they do.
As always, and maybe more than even, the impressions and the pictures I took are all in contrast. Maybe in those times; the occupation appears to be all the more cruel. People being hungry stuck at checkpoint; Palestinians not being able to visit their relatives on the other side of the Wall, Gaza without electricity, people ashamed because they cannot buy as many presents as usual. Fathers and sons, mothers and daughters in prisons…in each family the absence of the loved ones will be felt more. At 3pm the checkpoints seem to be slower than usual.. Why checking these old Palestinian women who try to go back to their homes to have dinner on the road to Bethlehem to Hebron? Yesterday again I went around to the checkpoints for the last Friday of Ramadan. It was chaos in Qalandia, all the men aged below 45 years old were not allowed to pass. An old woman was arguing with the soldier that did not bother to answer and just dismissed her by a gesture of his hand. Happy Ramadan. Jerusalem so close to the hearts of many and only a few kilomers away remains out of reach. We continue to walk. We met some soldeiers that were just standing there and talked to us about their big achievements of the day: “we cut some rope and break the ladders!” (Explanation: the last days some Palestinians- desperate to get to Jerusalem- try to climb the Wall using ropes and ladders). In Jerusalem still there was in impressive crowd. 250 000 Muslims, pouring out of Damascus Gate like a river.
At the evening I was glad to see that French television showed the images of what happened in Bethlehem where many Palestinians were stuck at the checkpoint. The soldiers charged, beat some Palestinians and threw some tear gas in the middle of the crowed. I was wondering- were these images shown on Israeli media? I doubt it.
Happy Ramadan, here is a series of pictures that reflect the constrasted images of Ramadan under occupation. Sweets and checkpoints- a cocktail quite difficult to swallow….
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