Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Thursday, February 01, 2007
Impressions de retour en Palestine/ Being back to Palestine
(c) Anne Paq/tourbillonphoto.com.
Bienvenue- Bethlehem Terminal- rajout de barbelés au Mur, et colonie de Har Homa, vue de ma chambre, en pleine expansion. Fev 2007
Welcome back- Bethlehem terminal- addition of barbed wires to the Wall and the settlement of Har Homa, expanding, view from my window. Feb 2007
1er Fevrier 2007. Retour en Palestine.
English follows
En retournant en Palestine, on sait à l’avance que nous n’allons pas aimer tout ce que nous allons retrouver. Dire que les choses empirent est devenu une banalité.
Il y a forcement des sentiments mêlés et ambivalents. D’un côté je suis tres heureuse d’etre de retour. Comme tous les expatriés qui font des allers-retours avec un statut incertain, j’ai aussi poussé un enorme ouf de soulagement quand j’ai entendu la garde frontière me tamponner bruyamment mon passeport. En effet les cas d’expulsion, de refus d’entrée, aux etrangers qui souhaitent travailler dans les territoires occupés palestiniens se multiplient.
En même temps je sais que je vais souffrir de la situation, que je vais encore me mettre en colere tous les jours.
Cela n’a pas pris bien longtemps d’ailleurs pour me retrouver confrontée à au visage hideux de l’occupation militaire israélienne. Je suis rentrée de Tel Aviv à Jerusalem en bus collectif israélien, puis je me suis arrêtée à Jerusalem pour prendre un petit dejeuner Palestinien (falafel ; humus…cela m’a manqué !). Ensuite il m’a fallu prendre cette fois un bus arabe pour aller de Jerusalem à Bethlehem. A peine installés dans le bus, nous nous sommes faits arrêtés par des soldates israélienne. La soldate a commencé par parler tres agressivement au chauffeur. Quelques Palestiniens, sachant bien que nous serions coincés un moment, sont sortis pour fumer une cigarette. Les soldates ont ensuite telephoné à « quelqu’un » pour verification des identités. A quoi ça sert ? Peut-etre cherchent-ils ainsi à reperer des Palestiniens qui seraient venus illegalement à Jerusalem (tous les Palestiniens de Cisjordanie ne peuvent se rendre à Jerusalem qu’avec une permission spéciale) ? Peut-etre s’agit-il tout simplement de rendre la vie impossible aux Palestiniens, et de les pousser à partir.
Nous avons été arrêtés ainsi pendant au moins 20mn, ce qui peut paraître tres long pour quelqu’un qui a passé une nuit blanche et reve de prendre une douche.
Dans le processus, les soldates ont fait tomber les papiers au moins une fois par terre.
Mon periple n’etait pas fini, le bus nous arrete au terminal, à l’entrée de Bethlehem. Le terminal est un enorme checkpoint, que les Israeliens veulent transformer en poste frontiere. Le bus ne peut entrer Bethlehem ;, nous devons passer le terminal et reprendre un taxi de l’autre côté. Je me demande ce qui va etre nouveau. En effet chaque fois que je reviens, voire meme chaque semaine, quelque chose change. La je suis une nouvelle fois interloquée quand je vois des travailleurs sur le Mur de 8 metres qui sont en train de rajouter des fils barbelés ! comme si 8 metres n’etait pas suffisant !
Je passe le terminal avec mon enorme valise rouge, pas evident de passer les trois series de tourniquets metalliques surtout quand il faut rajouter trois sacs sur moi en plus de la valise !
Je me rends alors compte que les portes, qui sont prevus a côté des tourniquets pour faciliter le passage des personnes handiquées, ne fonctionnnent même pas.
En passant le terminal ; nous tombons face à un poster geant du Ministere israelien du tourisme : « Paix sur vous ». Faut-il en rire ou en pleurer ? Le poster est desormais traversé par les fils barbelés ; une belle metaphore de la nature de l’occupation. D’un côté les gros effets d’annonce du gouvernement (Paix sur vous, nous sommes en faveur de la Paix, nous tendons la main aux Palestiniens) et de l’autre la réalité sur le terrain, les fils barbelés : on enferme de plus en plus les Palestiniens dans des ghettos. Est-ce que les touristes et pelerins qui passent par là vont comprendre ?
Voila quelques 6 heures apres mon arrivée à Tel Aviv, je me retrouve dans mon appartement. Il y a une vue directe de ma fenêtre sur l’immense colonie de Har Homa. Je ne peux que contaster son expansion. Les sourires que j’ai eus en arrivant à Jerusalem, commencent déjà à s’estomper. Pourtant je veux me battre pour les faire revenir. Je vais avoir rudement besoin d’eux.
ENGLISH
1st February 2007, Back to the crazyness.
Coming back to Palestine, we know that we are not going to like what we will find.
There are always strange and mixed feelings there. I am happy to be back (especially there is a sense of huge relieve when you pass the customs and get your 3-month visit stamp, there are always cases of people that are not able to reach Palestine and sedn back by the next plane)
; at the same time I know I am going to be upset again and again, everyday.
It did not take long to be faced again with the ugly face of the military occupation.
I came from Tel Aviv Airport to Jerusalem, stopped there to get a falafel breakfast (yes I miss that) and then I jumped to an Arab bus to Bethlehem. On the way from Tel Aviv to Jerusalem, we were not stopped once. After just a few minutes on the 124 Arab bus to Bethlehem, we were. The female soldier talked aggresively to the driver. Some Palestinians, knowing that it will take a while, went off to smoke a cigaret. The soldiers took all the IDs. And then they phoned “somebody” to tell them the ID numbers…why? One assumption is that they are trying to catch Palestinians who do not have permission to enter Jerusalem (all Palestinians living in West Bank must get a military permission to come to Jerusalem). Another one is that they try to register the movement of Palestinians, trying to know who has Jerusalem ID and travel to West Bank much, with the overall aim to confiscate their Jerusalem IDs (ongoing slow transfer that also includes house demolition).
They stopped us for maybe 20 mn, which seemed very long for somebody who did not get any sleep. In the process, the soldiers dropped the papers and IDs twice on the floor.
Then the bus stopped at the Bethlehem terminal (it cannot enter Bethlehem, so everybody needs to get off, go through the awful terminal, and then take another taxi to reach Bethlehem). I was wondering what would be new. Everytime I leave and come back, the terminal has changed. This time, I was amazed to see that they were putting some barbed wires on top of the 8-meter high Wall!!!!
As the Wall was not enough…now the giant poster saying: “Peace upon you” is crossed by a line of barbed wires…it tells it all. Maybe then the tourists and pilgrims will understand what it means.
So one sure we can be sure about in Palestine and that things always get worse and worse. Actually it has become such a banality to say it. I managed to pass the terminal without too much trouble with my giant red suitcase. I had to go through three turnstiles (which is quite a challenge when you have three bags on you on top of the big suitcase!). In the process I realized that the doors (which are besides the turnstiles to be used for instance disabled people and their wheelchair) were not working.
Finally after hours of travelling, I am in my flat in Bethlehem. From the window I have a great view on the huge settlement Har Homa. I can only see that it is expanding.
The smiles that I got when I saw Jerusalem are already fading away. But I have to fight to have them back. They will be badly needed.
No comments:
Post a Comment