Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Monday, February 09, 2009
Demo against the Wall in Bilin / Manif contre le Mur a Bilin
(c) Anne Paq/Activestills, Bilin, 06.02.2009
Another demonstration in Bilin. This February will see the fourth anniversary of the amazing struggle against the Wall, against the occupation and colonization. I am still surprised at the number of people who turn out every week. They are not hundreds (except in summer), but still around one hundred which is quite impressive when we think they have been doing it for the last four years and that since then,,,the Wall has been built. Many people wonder if it is really worthy. I think it is. It stands as a symbol of non-violent resistance and the spirit of “not giving up no matter what”. Bilin is now well known in Europe and elsewhere and it is also one of the few places where activists- Palestinians, Israelis and Palestinians can connect to each other. My photo group Activestills was born out of it as well as many initiatives. The violence used by the Israeli army during these demonstrations is totally disproportionate and everytime I am going I can feel my anxiety growing.
This time the army was once again up top its reputation of brutality. As we advanced close to the Wall, the soldiers were just standing there well protected behind concrete blocks. In front of them they could only see a small group of civilians carrying Palestinian flags. We did not have time to shout the slogans that they fired massive tear gas canisters directly at people and even to the group of cameramen and photographers who were clearly identified and were standing on the side. They could not care less. They just bombed us with tear gas until everybody was suffocating. I was wearing a mask but after a while the gas penetrated and it was awful. That kind of gas burns you the skin. I ran away to try to breathe. One of the organizers collapsed in front of me as he was totally suffocating. I thought he would pass out but he managed to stand and went away, only to shout again to everybody: “come on internationals, all together lets go back”. And he walked back, followed by a few hesitant people, only to be met again with massive tear gas. I was looking at him with a mix feeling of admiration and dismay. How can he still stand and walk, week after week to these soldiers? Where does he find his strength and courage?
After the demonstration, a few stones were thrown which marked the end of the demonstration, the rubber bullets started also to fly. We went back to the village and everything seemed to be over. But it is never over in Palestine. Somebody told us that the soldiers were going to the village, so we went out to meet them. And yes two jeeps entered the village, and we saw some soldiers in the field. Why they were coming if it was not to provoke the youth of the village? Now that the internationals are almost all gone, the soldiers feel totally free to shoot at the teenagers.
But the photographers came back and pointed their cameras to the soldiers who looked a bit embarrassed. After a few minutes, they left... as somebody was watching. Maybe it was a small victory but what if we multiply this on a longer scale, what if we make Israel feel in a stronger way that we are all not only watching but seeing that there is something deeply wrong? what if we all walk with the Palestinians who have still the strength to face the army and voice their refusal?
Une autre manifestation à Bilin. Ce Février va marquer le quatrième anniversaire de l'incroyable lutte de Bilin contre le Mur, contre l'occupation et la colonisation. Je suis toujours surprise du nombre de personnes qui viennent chaque semaine a Bilin. Ils ne sont pas des centaines (sauf en été), mais encore une bonne centaine ce qui est assez impressionnant quand on pense qu'ils organisent des manifestations depuis 4 ans et que depuis lors, le mur a été construit. Beaucoup de gens se demandent si cela en vaut vraiment la peine. Je pense que oui. Bilin est devenu le symbole de la résistance non-violente et de l'esprit de "ne pas renoncer coute que coute". Bilin est maintenant bien connu en Europe et ailleurs, et il est aussi l'un des rares endroits où les militants, les Palestiniens, les Israéliens et les Palestiniens peuvent se rencontrer. Mon groupe de photo activestills est né par exemple de Bilin ainsi que de nombreuses autres initiatives. Israel a essaye de casser les manifestations de bien des manieres: en imposant des punitions collectives sur le village, ou en arretant les organisateurs la nuit.
La violence utilisée par l'armée israélien m'y rends, je peux sentir mon anxiété croissante a l'approche de debut de la manifestation.
Cette fois, l'armée a été une fois de plus a hauteur de sa réputation de brutalité. Nous nous sommes approches du Mur alors que les soldats étaient là bien protégés derrière des blocs de béton. En face d'eux, ils ne pouvaient voir qu'un petit groupe de civils portant des drapeaux palestiniens. Nous n'avons meme pas eu le temps de crier des slogans que les soldats nous ont bombarde de grenades lacrymogènes et même directement sur le groupe de cameramen de photographes qui ont été clairement identifiés et se tenaient sur le côté. Ils ne prennent pas le soin de faire de distinction et tout le monde devient une cible. Tout le monde s'est mis a suffoquer et a courir.
Je portais un masque de protection, mais après un temps, le gaz a pénétré a l'interieur du masque et c'est devenu vite insupportable.
Ce type de gaz vous prend a la gorge, aux yeux, au ventre mais surtout vous donne la sensation de brûlure. Je me suis enfuie pour essayer de respirer. Un des organisateurs palestiniens s'est effondré en face de moi en etat de suffocation extreme. Je pensais qu'il allait tomber inconscient, mais il a réussi à se lever et s'est eloigne un oeu, mais seulement pour crier à nouveau envers tout le monde: “ Allez!!Tous ensemble retournons au Mur". Et il repart suivi par quelques personnes hesitantes, pour être une nouvelle fois accueillis à nouveau par des tirs massifs de gaz lacrymogènes. Je le regardais avec un mélange d'admiration et de consternation. Comment peut-il encore se tenir fierement debout et marcher, semaine après semaine, vers ces soldats? Où trouve-t-il sa force et son courage?
Après la manifestation, quelques pierres ont été lancées ce qui a marqué la fin de la manifestation, les balles en caoutchouc également ont commencé à voler. Nous sommes retournés au village et tout semblait etre fini. Mais rien n'est jamais termine en Palestine.
Quelqu'un nous a indique que les soldats etaient dans le village, alors nous sommes allés à leur rencontre. Et en effet deux jeeps etaient postee a l'entree du village, et nous avons vu des soldats dans les champs. Pourquoi isont-ils venus si ce n'est pour provoquer les jeunes du village? Maintenant que les internationaux sont presque tous partis, les soldats se sentent complètement libres de tirer sur les adolescents.
Mais les photographes sont revenus et ont pointé leurs caméras sur les soldats qui ont eu l'air un peu embarrassés. Ils sont partis ... comme il y avait un regard exterieur sur eux. Peut-être que ce n'était qu'un une petite victoire et que les soldats sont revenus quelques heures plus tard, mais et si on multipliait cela sur une plus grande échelle, si nous faisions sentir a Israël d'une maniere plus forte que nous sommes tous, non seulement en train de regarder, mais aussi que nous voyons que ce qui se passe dans les territoires palestiniens est fondamentalement bien et innaceptable? Et si on marchait tous avec les Palestiniens qui ont encore la force d'affronter l'armée et qui manifestent leur refus et resistent?
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