Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Wednesday, October 13, 2010
I am still looking for the head of my son / Je cherche encore la tete de mon fils, beit hanoun, Gaza 12.10.2010
(c) Anne Paq/Activestills.org, 12.10.2010.
Last photo/ Derniere photo: A Palestinian boy works on the land, a few meters away from where three persons were killed a few weeks ago by the Israeli army / Un enfant palestinien travaille sur la terre, quelques mètres pres de l'endroit ou il y a quelques semaines trois personnes se sont faites tuées par l’armée israélienne.
he "buffer zone", the "no-go zone", the no man’s land, whatever you call it, is a scary and devastated place. It is also deadly for the few ones who still dare to go there.
In this zone, whose borders are decided by bullets, every week, some Palestinians are fired upon. They do not even know from where the bullets or the shells come from.
On 13 September 2010, 91 year-old Ibrahim Abu Sayed, together with his 17 year-old grandson, Hossam and the young boy’s friend and neighbour - 16-year-old Ismail Abu Oda, went to Ibrahim's lot of land, with their cattle. The day was expected to be nice. They prepared for barbecue and tea but it turned into a nightmare. The first shell fell, and then another one- closer, and then the third one hit them directly. The last one killed the two boys and the old man, along with all their animals. Their bodies were mutilated. Ismail’s father told us when we visited them that he knew what happened was not clearly not a mistake: "[…]the Israeli soldiers knew them, they were always going to that land lot. They [Israeli soldiers] knew all the farmers there. A 91 year-old and two boys- are they terrorists??!".
Later, the Israeli Army admitted it was a mistake. Another deadly mistake. Today, again, another boy was injured by shells fired in the north of Gaza while the boys were collecting rubble that will then sold.
These “mistakes" are in fact acts of terror against unarmed civilians, who dare to stand on their own land, in direct view of Israel’s Army. Perhaps the real crime for Palestinians is that they remain visible, in Israel’s sight.. Perhaps it is easier to oppress other people when you do not actually see them.
While I was working in center of Gaza, near the buffer zone, I was told not to point my camera in the direction of the fence, although we were at least 1 km away from it. And when my colleagues and I tried to park our car on the side of the road, a local man told us not to leave the car there: "That will be suspicious", he said, and at that point I asked "are we allowed to breathe? Is that suspicious, as well ?". What was striking with regards to that location, was that on one side (East) one could see the fence, and on the opposite side ,(West) one could see the Mediterranean Sea. It was then that I realized just how tiny the Gaza Strip really is. By pushing Gazans further away from the fence, the Israelis actually push them into the sea, an all too familiar expression, except than usually the Israelis are using it arguing than “Palestinians want to push us into the sea”.
According to Walid, Ismael's father, they are now even more scared to go back to the lot of land. they own. He sometimes goes back before dawn, still searching for his son’s head that was never recovered after the shelling. One morning, he picked up a piece of flesh off a tree, but he not certain it was part of his son’s body. It could have been a piece of a dead animal. The man said his son, Ismael was a loving and respectful son- a clever boy with great mechanic’s skills.
As the boy’s father was showing us the flechettes, which were inside the shell that killed his son, I felt as the flechettes struck my own heart. As painful as this true story is, I will live on. Ismael on the other hand was not given the right to live, just as many Gazans that will continue to fall victims of the countless "errors" that have yet to come.
full report: http://palsolidarity.org/2010/09/14474/
----------FRANCAIS----------------
La «zone tampon», la «no-go zone", le no man's land ... peu importe le nom, c'est une zone effrayante et dévastée. Elle [eut aussi s'averer mortelle pour les rares personnes qui osent encore s'y aventurer.
Dans cette zone non-definie si ce n'est par des balles, chaque semaine, des Palestiniens se font tirer dessus. Ils ne savent même pas d'où viennent les balles ou les obus.
Le 13 Septembre 2010, Ibrahim Abu Sayed, âgé de 91 ans, avec Hossam son petit fils de 17 ans, et son ami Ismail Abu Oda (16 ans), s'est rendu sur ses terres avec leurs animaux. La journée devait être belle et joyeuse, ils avaient préparé un barbecue et du thé, mais elle a viré au cauchemar. Il y un obus, puis un autre plus proche, et le troisième qui les les frappé directement, tuant les deux garçons et le vieil homme, et tous les animaux instantanément. Les corps ont été mutiles. Pour le père d'Ismaïl a qui nous avons rendu visite, cela ne pouvait pas être une erreur: «Les soldats israéliens les connaissaient, ils se rendaient toujours sur les terres. Ils connaissent tous les agriculteurs de cette zone. Un homme de 91 ans et deux enfants sont-ils des terroristes ??!".
L'armée israélienne a reconnu que c'était une erreur. Une autre erreur mortelle. Aujourd'hui encore un autre jeune a été blessé par balles dans le nord de Gaza alors qu'ils collectaient des debris pour les revendre. Ces "erreurs" sont en réalité des actes de terreur contre les civils qui osent se tenir debout sur leurs terres, à la vue d'Israël. C'est peut-être le véritable crime pour les Palestiniens, de rester visible, de rester à vue. Il est bien plus simple d'oppresser un peuple qu'on ne voit pas.
Alors que je travaillais au centre de la bande de Gaza, près de la zone tampon, on m'a dit de ne pas pointer mon appareil photo en direction du Mur alors que nous étions au moins 1 km de la frontière. Ensuite, alors que nous voulions nous garer sur la route, un habitant nous a dit de ne pas laisser la voiture ici-"Ce sera suspect". Alors j'ai demandé "et est-ce qu'il est permis de respirer? Est que cela aussi c'est suspect". Ce qui est frappant à cet endroit, c'est que sur un côté (Est), on pouvait voir la frontière, et que de l'autre côté (ouest), on pouvait voir la mer ... voila combien la bande de Gaza est minuscule. En poussant plus loin les habitants de Gaza de la frontiere, les Israéliens les poussent a la mer, une expression bien trop familière.
Selon Walid, le père d'Ismaël, ils ont maintenant peur de retourner sur les terres. Il ne s'y rend qu'à environ 6 heures du matin pour tenter de trouver la tête de son fils qui manque. Le matin même, il a dit qu'il avait ramassé un morceau sur un arbre, mais il n'était pas sûr qu'il était de son fils, il provenait peut etre des animaux. Ismael, nous dit-il, était un fils aimant et respectueux, qui était habile et très doué en mécanique.
Alors que Walid nous montra les fléchettes qui étaient dans l'obus qui a déchiqueté Ismael, j'ai senti comme si elles m'atteignaient en plein cœur. Je vais survivre, mais pas Walid ainsi que les victimes de toutes les "erreurs" tout aussi innombrables qu'inexcusables, a venir.
Ton texte est très émouvant. J’ai peur pour ta vie en ce moment, mais je suis aussi très fière de ton travail.
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