Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Saturday, November 13, 2010
Demo against the settlements / Manif contre les colonies, Nabi Saleh, 12.11.2010
(c) Anne Paq/Activestills.org, Nabi Saleh, 12.11.2010
1- Activists are blocked at the entrance of the village / Les activistes sont bloqués a l’entrée du village/
Nabi Saleh is a village North of Ramallah. The villagers started to demonstrate in December 2009, following the confiscation from the settlers from hallamish settlement of additional land and well from the village. From years, Halamish settlement has repeatedly stolen land from the village and has continued encroaching on village agricultural land. The weekly demonstrations met with a high-level of repression from the Israeli army. Often the village is totally closed off for the whole day and clouds of tear gas canister can be seen in the village itself causing suffering to the whole population. The tiny village of 500 persons became thus under siege and attacks by the almighty Israeli army. Since the beginning of the protests, dozens of persons, including Palestinian children, were arrested and injured. Despite these shameful attacks on people's right to resist, the village still shows an incredible will of continuing their demonstrations and just not giving up.
This Friday, going to the village of Nabi Saleh was in itself a challenge. I was told early that all entrances of the village was closed off. But I knew there is always a way through the mountains. Soon in the collective taxi, there were a whole debate about what would be the best options for us. When we reached the entrance of the village there was indeed a checkpoint. We went around and wanted to go up through the nearby hills but we could clearly see the soldiers who for sure would be all too pleased to pick us up. So we decided to carry on, and drive all the way at the back of the village, just to find another checkpoint. We decided to get off and then we saw other cars coming full of Palestinian flags, soon also to be joined by some Israeli activists. People decided to walk straight to the Israeli soldiers. We were of course greeted by a rain of tear gas canisters without having a chance to talk to them. Some activists took their chance and went through the mountains, spreading in small groups. Even if the time was already passed the demonstration time, we decided that it was worth trying and we also took the path through the mountains. The Israeli army should not have the last word in deciding whether we should be able to demonstrate or not. Going through the mountains, I could not help myself by thinking again how beautiful these landscapes are. It could have been a marvelous hike, if it was not with the fear of encountering the Israeli soldiers or even worse- shootings. After one hour we finally reached the village, where clashes already were well under way. We could hear some singing of Palestinian schoolgirls and the usual answer from shootings of tear gas. The Israeli soldiers were seen on all the surrounding hills and at the entrance of the village where some rocks and garbage bins has been put on the road to prevent the Israeli soldiers to enter. Down the hill, and through the trees, some Palestinian shebabs were throwing stones. Soon tear gas canisters were shot directly at the village. As I went down closer to the soldiers, I could also see how they directly shoot the tear gas canister directly at people and not in the air as they are supposed to. At short distance, it can actually be deadly. We later found out that they were using many high velocity tear gas canister, the same kind that caused the death of Bassem Abu Rahmah in Bil'in in 2009.
At some points, the Israeli jeeps entered in the middle of the village. Sometimes it seemed that it was over, but the shebabs were always coming back and just could not accept that the army was still in their village. The inhabitants seemed to be used to the situation. There were some children singing and playing in the middle of the mess, just a few dozens meters away from the Israeli soldiers. Some Palestinians were also watching the clashes from a distance, drinking coffees, commenting the various moves, and also probably praying that nobody got hurt.
The protest continued until the sunset.
---FRANCAIS.---------------------------------------------------------------------------
Nabi Saleh est un village au nord de Ramallah. Les villageois ont commencé à manifester en Décembre 2009, après la confiscation par les colons de hallamish de terres supplémentaires et d'une réserve d'eau du village. Depuis des années, la colonie de Halamish ne cesse d'empiéter sur les terres agricoles du village. Les manifestations hebdomadaires ont rencontré un haut niveau de répression de l'armée israélienne.
Souvent, le village est totalement fermé pour la journée entière et des nuages de gaz lacrymogène peuvent être vus dans le village lui-même causant des souffrances à toute la population. Le petit village de 500 personnes est devenu ainsi en état de siège et la cible des attaques de l'armée israélienne tout puissante qui ne peut tolérer que des villageois osent manifester alors que leurs terres ne cessent d'être spoliées par les colons.
Depuis le début de la manifestation, des dizaines de personnes, y compris des mineurs, ont été arrêtés et blessés. En dépit de ces attaques honteuses sur le droit des peuples à résister, le village affiche toujours une incroyable volonté de poursuivre leurs manifestations et juste de ne pas abandonner, même si le prix à payer est fort.
Ce vendredi, aller au village de Nabi Saleh était en soi un défi. Des le matin, j'ai été informée que toutes les entrées du village étaient fermées. Fallait-il cependant renoncer, et ainsi donner raison à l'armée israélienne? Mais je savais qu'il y a toujours un chemin à travers les montagnes, alors j'ai décidé de continuer mon chemin. Bientôt dans le taxi collectif, il y a eu tout un débat sur ce que seraient les meilleures options pour nous. Lorsque nous sommes arrivés à l'entrée du village il y avait effectivement un point de contrôle et des soldats israéliens qui bloquaient la route- impossible de passer par là.
Nous avons continué notre chemin mais sur les collines à proximité, nous pouvions clairement voir les soldats qui ne seraient que trop heureux de nous cueillir- impossible non plus de passer par là. Nous avons donc décidé d'aller encore plus loin et d'essayer de passer par l'arrière du village, juste pour nous trouver face à un autre poste de contrôle. Nous avons décidé quand même de descendre de notre taxi, une fois en dehors de la vue des soldats et de tenter notre chance par les montagnes. D'autres voitures sont arrivées remplies de Palestiniens avec plein de drapeaux palestiniens, bientôt rejoints aussi par des activistes israéliens. Fort de ce nombre, les gens ont décidé de marcher tout ensemble au checkpoint. Nous avons bien sûr été accueilli par une pluie de grenades lacrymogènes, sans avoir une chance de leur parler et de réclamer notre droit a aller a Nabi Saleh pour protester.
Les activistes se sont alors dispersés à travers les montagnes, en petits groupes de manière à avoir moins de chance d'être repérés. Même si nous étions déjà bien en retard pour la manifestation, nous avons décidé qu'il valait la peine d'essayer et nous avons également pris le chemin des montagnes. L'armée israélienne ne devait pas avoir le dernier mot pour décider si oui ou non nous pouvions manifester. En passant par les montagnes, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à nouveau à toute la beauté de ces paysages, remplis de terrasses et d'oliviers. Cela aurait pu être une randonnée merveilleuse, si elle n'était pas accompagnée de la peur de tomber sur les soldats israéliens ou, pire encore, de leurs tirs.
Après une heure nous avons finalement atteint le village, ce qui en soit était déjà une petite victoire, où des affrontements étaient déjà en bonne voie. Nous pouvions entendre le chant des écolières palestiniennes et la réponse habituelle mais non harmonieuse des tirs de gaz lacrymogène. On pouvoir voir les soldats israéliens sur toutes les collines environnantes et à l'entrée même du village où des amoncellement de pierres et des poubelles avaient été mis sur la route pour empêcher les soldats israéliens d'entrer le village. En bas de la colline, et à travers les arbres, quelques shebabs palestiniens jetaient des pierres sur les jeeps israéliennes en contrebas . Bientôt des bombes lacrymogènes ont été tirés directement dans le village.
Lorsque je suis descendue plus près des soldats, je pouvais aussi constater qu'ils tiraient directement les grenade lacrymogène sur les personnes et non en l'air comme ils sont censés le faire. A courte distance, des tirs peuvent être en fait être mortels. Nous avons ensuite découvert qu'ils utilisaient beaucoup des grenades lacrymogènes à haute vitesse, le même type qui avait causé la mort de Bassem Abu Rahma à Bil'in en 2009. À certains moments, les jeeps israéliennes sont aussi entrées dans le centre du village.
Parfois, j'avais l'impression que la manifestation était finie mais les shebabs revenaient toujours et ne pouvaient tout simplement pas accepter que l'armée était encore dans leur village. Les habitants semblaient être un peu habitués à la situation. Il y avait des enfants qui chantaient et jouaient en plein milieu, alors que les soldats israéliens n'étaient qu'à quelques dizaines de mètres. Certains Palestiniens regardent de loin les confrontations tout en buvant leurs cafés, commentant les différents mouvements, et probablement aussi priant pour que personne ne soit blessé.
Les confrontations ont continué jusqu'à la tombée de la nuit, n'en déplaise aux soldats israéliens qui ont échoué dans leur tentative d'empêcher la manifestation avant même qu'elle ne commence.
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