Tuesday, December 06, 2016

Conference à Paris le 12 décembre- Gaza: des familles en quête de justice



Invitation conférence

Le magazine en ligne Orient XXI, l’équipe du webdocumentaire « Obliterated Families », l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), le CCFD-Terre Solidaire, l’Institut du Monde Arabe
En partenariat avec ActiveStills, Al Mezan Center for Human Rights, Solivr, Middle East Eye et The New Arab

Vous convient lundi 12 décembre de 19h à 21h à la conférence « Gaza : des familles en quête de justice »

Rencontre Langue et mémoire
Autour du webdocumentaire « Obliterated Families »
Auditorium de l’Institut du Monde Arabe
1, rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris
(Entrée libre dans la limite des places disponibles / Ouverture au public à 18h30)

En présence de :
  • Anne Paq et Ala Qandil, co-auteures du webdocumentaire et respectivement photographe du collectif Activestills et reporter
  • Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à l’ACAT
  • Mahmoud Abu Rahma, responsable Relations internationales au Centre Al Mezan des droits humains à Gaza
  • Ramsis al-Kilani, membre d’une famille de victimes
  • Conférence animée par Sylvain Cypel, journaliste membre de la rédaction d’Orient XXI

Le webdocumentaire « Obliterated Families », véritable plongée dans la réalité glaçante de Gaza, relate l’histoire de dix familles dont les vies ont été détruites par l’offensive israélienne de juillet 2014 http://obliteratedfamilies.com/fr/. Il sera pour la première fois en France présenté lors d'une rencontre au grand public.

Gaza, 17 juillet 2014. Au cours de l’offensive israélienne dite « Bordure protectrice » dans la bande de Gaza, un missile s’abat sur le toit de la maison de la famille Shuheibar, où cinq enfants nourrissent des pigeons. Il tue une petite fille de 8 ans, Afnan, et deux petits garçons de 9 et 10 ans, Wassim et Jihad. Il blesse également grièvement deux garçons de 15 et 9 ans, Udai et son cousin Bassil.

Seront également évoqués durant cette conférence les bombardements israéliens sur la bande de Gaza en 2014, le combat pour la justice des familles de victimes, et le travail des ONG contre les violations du droit international. Le 29 juin 2016, la famille Shuheibar, présentée dans le webdocumentaire, a porté plainte en France pour complicité de crime de guerre et homicide involontaire contre l’entreprise française Exxelia Technologies [1].

Selon l’ONU, l’opération israélienne « Bordure protectrice » a causé la mort de 1 462 civils palestiniens, dont 551 enfants et 299 femmes.

Contacts presse :

Note :

Tuesday, June 07, 2016

Le projet Obliterated Families bientôt fini- appel à soutien


Voilà la raison principale de mon silence sur le blog : je travaille depuis presque deux ans sur le projet Obliterated Families. Une documentation des familles de Gaza dont la vie a été bouleversée à jamais par les attaques israéliennes. Des familles entières onté été tuées. On les a comptées, répertoriées. Les listes des noms, avec les âges de chacun-e ont été établies. Mais que sait-on d'elles ? Qui sont ces disparu-e-s ? Comment les survivants font face ? Est-ce qu'un jour justice sera faite ?

Il y a deux ans j'étais en europe et je commençais à réaliser en Juin que les choses allaient empirer. Lorsque l'offensive a commencé, ma vie a basculé. Je ne pouvais pas rester en Europe alors que Gaza, une nouvelle fois, était sous les bombes. Je suis partie sans hésiter. Pas parce que je voulais jouer les héroïnes, mais parce que je ne pouvais pas faire autrement. Je ne suis ensuite plus revenue en arrière. Alors que je documentais les attaques, et que les jours défilaient, amenant leur lots d'horreurs, je réalisais à quel point nous- journalistes et photographes- perdions le fil. Les détails personnels disparaissaient pour laisser place aux photos chocs des blessés, des corps mutilés. Même les noms devenaient des informations difficiles à obtenir dans le chaos de la guerre. Comment donner un sens à tout ça ? Comment retrouver les familles et reconstruire leur histoire, dans une course contre l'oubli ? Je suis retournée sur place après le cessez-le-feu. Peut-être aussi une manière à moi de faire face à mon propre traumatisme.

Il a fallu retrouver les traces avant qu'elles disparraissent. Des photos, des bribes de vie, un sac d'école qui ne servira plus, le maquillage qui prend la poussière, les jardins enfouis sous les décombres, un bureau qui a perdu son architecte. Les survivants qui décrivent comment c'était, la vie tous ensemble, avant cet été fatal de 2014 où les bombes aveugles se sont mises à pleuvoir sur la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Pas d'endroit pour se protéger. Il s'agissait d'attendre la mort, et de se préparer toujours au pire. Souvent alors dans ces moments là, les familles préféraient se regrouper. D'autres faisaient le choix de se séparer, en se disant que peut-être comme cela une partie de la famille allait survivre.

Le pire c'est que si vous vous en sortez, vous vivez dans l'angoisse de la prochaine offensive. Ce n'est qu'une question de temps. Le traumatisme devient un état permanent. Des générations PTSD.
Alors il faut se battre, pour dire haut et fort que ces familles méritent justice . Qu'elles ne peuvent pas juste disparaître ainsi de la surface de la terre, sans que personne ne se dresse contre ces crimes.
Ces fantômes de Gaza devraient hanter les consciences, car si Israël a pu mener ces bombardements dont les principales victimes ont été des victimes, c'est grâce que soutien de la communauté internationale. Il ne faut pas que cela recommence.

Alors regardons ces familles bien en face, comprenons qui elles étaient, réalisons à quel point elles ne méritaient pas ça. Et agissons.

Voila nous avons un mois pour boucler le web documentaire.


Vous pouvez nous soutenir sur notre page de financement participatif :

Friday, April 15, 2016

One out of four / Un sur quatre , Lebanon, 14.4.2016



Many of the Syrian refugees kids do not go to schools, and go to work to help out their families
Beaucoup d'enfants réfugiés syriens ne vont pas à 'école et travaillent pour de maigres salaires pour aider leurs familles.


There are many camps all over the Bekaa valley, most of them are made of makeshift tents, and shabby shelters. They are established on private lands, so the refugees have to pay rent. If they don't have the money, they have to borrow or work.

Il y a de nombreux camps dans la vallée de la Bekaa , la plupart sont faits de tentes de fortune et d'abris en mauvais état. Ils sont établis sur des terres privées , les réfugiés doivent donc pour la plupart payer un loyer . S'ils n'ont pas d'argent , ils doivent emprunter ou travailler, souvent pour des salaires de misères.




 Many of these camps do not have adequate sanitation system. Here the water goes directly from the shelter to the ground.


Beaucoup de ces camps ne disposent pas de système d'assainissement adéquat . Ici, l'eau passe directement de l'abri au sol.







A polluted stream, coming out from the nearby chicken farm flows just next to the shelters. Inhabitants say many of the children are sick.

Un cours d'eau polluée, sortant d'une ferme de poulets  à proximité passe juste à côté du camp . Les habitants disent que beaucoup d'enfants sont malades.




Kholoud , 24, with her three children . She comes from Homs. She never leaves the camp where she lived for 2 years.

Kholoud, 24 ans, avec ses trois enfants. Elle vient d'Homs. Elle ne sort jamais du camp où elle réside depuis 2 ans. 




(c) Anne Paq/ Activestills.org, Beqaa valley, east of Lebanon, in one of the camps near Jib Janin, 14.4.2016

Lebanon is the country which hosts the biggest number of Syrian refugees. More than one million; meaning around a fourth of the population. One out of four people in Lebanon is Syrian. How does the country cope? For France it will be 15 million refugees. We shamefully only agree to 20,000.
Syrians are just everywhere, from Beirut city center; to Shatila camp, From Tripoli to the Bekaa valley. Their situation is far from great. They live mainly in the shadows. If they are registered they are not allowed to work. If they are not registered, they are vulnerable to arrest. Some send their children instead to work. If they do work, they are paid far less than the Lebanese for the same position. Some become vulnerable to trafficking, including prostitution, and forced labour.
There were also reports on early marriages of girls, a way for the family to get a bit of money, and get rid of one member to feed.

Most of them want to leave, but the doors are now closed to Europe. Some of them will still risk their lives to get out of their miserable situation. How could we blame them? Hope for a better life is what  drive them.
The waiting, especially in the shabby camps in the Beqaa valley is unbearable.
"If the border with Syria will be open, we will go there, and fight. If we die that will still be better than this life.", says one of the refugees we talked to in one of the camps, near the village of Jib Janin. The camp is a recipe for disease and depression. A polluted stream coming out of the nearby chicken farm flows just a few meters from the shelters. After some strong rains of the last days, some tents were overflowed with water.  I can only imagine how this will be hot as hell inside the tents during the summer.
The children at least had some space to run around. Many of them go to school, but others don't.  I realized there that some children are actually born in this camp; and some do not even remember Syria.
There are only very few work opportunities around, and they are not well paid, making people vulnerable and depressed, especially the women who barely live their shelters.

Some men told us how two months ago, a girl died and they could not even find a place to burry her. After several days of searching, a Bedouin in the mountain agrees to have the burial on his land.
"We just want a place to bury our dead! Is it too much to ask?", they say.

Let us repeat that the conflict in Syria is fueled by international interferences, and that there is an international responsibility to take care of these refugees.
 To treat them as criminals, as second-class citizens, exploiting them, chasing them out of a better life, denying them basic human conditions, shutting down our borders on them, letting them drown, denying them what are only their rights, is an affront to humanity,that will weight on our conscience forever.


----------------------Français-------------------------------------------------------------------------------------

Le Liban est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens. Plus d'un million; ce qui signifie autour d'un quart de la population. Une personne sur quatre au Liban est syrien ! Comment le pays arrive à faire face? Pour la France, cela signifierait 15 millions de réfugiés. Honteusement nous avons promis d'en accueillir que 20.000.

Les Syriens sont tout simplement partout, du centre-ville de Beyrouth; au camp de Shatila, de Tripoli à la vallée de la Bekaa. Leur situation est loin d'être comfortable. Ils vivent principalement dans l'ombre. S'ils sont inscrits auprès des Nations Unis, ils ne sont pas autorisés à travailler. S'ils ne sont pas enregistrés, ils sont vulnérables et risque d'être arrêté.. Certains envoient leurs enfants travailler pour prendre moins de risque. S'ils trouvent du travail, ils sont payés beaucoup moins que les Libanais pour la même position. Certains deviennent vulnérables à l'exploitation, y compris la prostitution et le travail forcé.

Il y eu également beaucoup de mariages précoces de filles, une façon pour la famille pour obtenir un peu d'argent, et d'avoir une bouche de moins à nourrir.
La plupart des réfugiés que j'ai rencontrés veulent partir, mais les portes sont maintenant fermées en Europe. Certains d'entre eux sont quand même prêts à risquer leur vie pour sortir de leur situation misérable. Comment pourrait-on les blâmer? L'espoir d'une vie meilleure est ce qui les motive.
L'attente, en particulier dans les camps piteux dans la vallée de la Beqaa est insupportable.
"Si la frontière avec la Syrie serait ouverte, nous y retournerions pour nous battre, quitte à y mourir. Mourir là-bas sera encore mieux que cette vie.", nous a dit l'un des réfugiés avec qui nous avons parlé dans l'un des camps, près du village de Jib Janin. Le camp est un incubateur pour la maladie et la dépression. Un ruisseau pollué sortant d'un l'élevage de poulets à proximité, coule à quelques mètres des abris. Après les fortes pluies des derniers jours, des tentes ont été submergées par l'eau. En été, la chaleur dans les tentes recouvertes de bâches de plastique vont être surement aussi chaudes qu'un four.

Les enfants avaient au moins un peu d'espace pour courir. Beaucoup d'entre eux vont à l'école, mais d'autres n'y vont pas. Je me suis rendue compte en visitant le camp que certains enfants sont nés dans ce camp; et certains ne se souviennent même pas la Syrie. Ce sera la génération de l'exil.
Il n'y a que très peu de possibilités de travail autour du camp, et si certains travaillent, la paye sera dérisoire ce qui rend les gens vulnérables et déprimés, en particulier les femmes qui sortent à peine leurs abris, et se sentent responsables de leurs enfants.

Certains hommes nous ont raconté combien il y a deux mois, une jeune fille est morte et ils ne pouvaient pas trouver un endroit pour l'enterrer. Après plusieurs jours de recherche, un bédouin dans la montagne a accepté qu'elle soit enterrée sur sa terre.
"Nous voulons juste un endroit pour enterrer nos morts! Est-ce trop demander?», nous ont-ils interpellés.

Répétons que le conflit en Syrie est alimenté par des interférences internationales, et qu'il y a une responsabilité internationale à prendre soin de ces réfugiés.

Les traiter comme des criminels, comme des citoyens de seconde classe, les exploiter, les priver d'une vie meilleure, les empêcher de rejoindre les leurs, leur fermer nos frontières, les laisser se noyer, leur refuser ce qui sont seulement leurs droits, est un affront à l'humanité, qui va peser sur notre conscience pour toujours.




Wednesday, February 10, 2016

A new year, a new country / Une nouvelle année, un nouveau pays, February 2016


(c) Anne Paq/ Activestills.org, Beirut, Lebanon, 10.02.2016

Lebanon here I am!

After a very busy end of the year in Palestine, I arrived in Lebanon a few days ago.

My last stay in Palestine was intense as usual.
The harsh repression of Israel was being harshly felt in the West Bank and East Jerusalem . I could not reach Gaza. My friends- both Palestinians and Israeli activists are depressed. So many Palestinians killed and arrested while the settlers have the upper hand to do whatever to terrorize the Palestinians. Some youths have been rebelling, and confronted the Israeli army during clashes.

I expect this year to be even more difficult. I decided to pause for some time; and unless there is something very specific or overwhelming, I won't go back for some time.

I was outraged by the way the mainstream media were portraying the situation as a "renewed cycle of violence" with a surge of attacks by Palestinians against Israelis, without mentioning the overall context of continuous violence perpetrated by Israel, the occupier, during decades of occupation and dispossession. I tried to document what was going on from this perspective.
I focused mostly on Bethlehem area. I also visited some families who lost one of their loved ones, killed by the Israeli army.

Here are a few selected publications that I am proud of:
- Report from Palestine: The path of the revolt will be their own - More on a personal account based on the text on my blog about how it feels to return to Palestine
- ‘We deserve freedom’: Photos fromBethlehem- a report for Mondoweiss on the funeral of Mutaz Ibrahim Zawahreh, 27, who was shot dead by Israeli forces in clashes the day before during protests in front of the Separation Wall.
- A Jerusalem village under siege: on Al Jazeera-a look on how al-Issawiya has been severely restricted amid a wave of violence in Jerusalem.
- Portraits of Four Young Palestinians Killed by Israel: on 7iber magazine, probably my most difficult but important story for which I visited four Palestinian families who were mourning their loved ones.
- Photos: Israeli agents disguised as protesters draw guns on youth: a photo story on Electronic Intifada of a protest in Bethlehem during which the Israeli undercover agents were used.
- A grim start to the new year in Bethlehem- A selection for Al Jazeera English of photos taken in Bethlehem protests during my three-month stay
- Portraits of Palestine’s youth rebellion- A selection of striking portraits of Palestinian youths during clashes, accompanied by quotes. It was a collective work with four photographers of Activestills, I was happy that Gaza was included, and all these places and struggles connected. It was also very important to include the quotes, to echo the youths concerns and motivation.

In 2015; I was touring a lot and on the move.  I cannot even count the number of places I stayed. I should have made a photo of each of them. From fancy hotel (in Kazakhstan!), to refugee camp; and couches in friends' places. 8 countries. Amazing people met on the way, and so many support. I was struck by the contrast between Berlin, with its open and welcoming atmosphere, full with solidarity and empathy towards the refugees, and the conservative atmosphere in France, where racism is reaching unprecedented levels. We close ourselves to the most challenging issue, unable to open ourselves to the suffering of others, fleeing conflicts we ourselves fueled. We will be ashamed.

 I showed  in France, Poland, Germany my photos from Gaza. Every talk was a painful experience, but necessary. The photo exhibit "Obliterated Families" about the Gaza families who were shattered by the Israeli assault of summer 2014 was shown in many countries: France, Poland, Germany, US, UK, Ireland, Austria, Canada, Israel, South Africa, Holland and Finland. The exhibit is still painfully relevant, and if you are interest to show it, please contact me.

in 2016, I will continue to be on the move. Even if I leave Palestine behind, I am still working intensively on #ObliteratedFamilies web documentary with a team of great people, and almost no funding. More than 20 people (journalists, editors, translators, etc) joined us at various degrees. We have gathered memories about those who perished in the attacks, and have looked into the lives of those who survived them - irreversibly changed. Out of 54 families visited in total, the stories of 10 families from different parts of the Gaza Strip are told in-depth.



This has been my most difficult project but I believe my most important. These families deserve that their story is being told in an in-depth way and sensitive way, and they deserve freedom and justice.
We hope that it will get out around the second anniversary. If you do want to be involved or donate, please be in touch.

But for now, also, Lebanon.

New place, and already some familiar faces, as you easily bump here into journalists or photographers, or internationals working for ngos who were in Palestine.
 It will take me some time to get my head around that weird country which still does not have a President since May 2014! Beirut is a strange mix, filled up with trendy places next to very poor areas. The country has over one million refugees!  How can this work in such a tiny and already quite dysfunctional country? Apparently it does not really and many are forced out. Half of the refugees coming are minors, most of them are not in schools and many work to help their families. there is no official camp in Lebanon, so they are scattered all around, in informal camps, or inside the cities and villages. A situation, or rather a men-made disaster, I want to look into when the times come.

See pics after the French text

------------------FRENCH--------------------------------------------------------------------------------------------

Liban, me voici!

Après une fin d'année où j'ai été très prise en Palestine, je suis arrivée  il y a quelques jours au Liban. Une envie de nouveau; et de me consacrer un peu plus à l'apprentissage de la langue arabe.

Mon dernier séjour en Palestine était aussi intense que d'habitude.
La dure répression d'Israël  s'est faite sentir durement en Cisjordanie et Jérusalem est. Je n'ai pas pu cette fois me rendre à Gaza.  Mes amis- les Palestiniens et israéliens militants sont déprimés. Beaucoup de Palestiniens ont été tués et arrêtés alors que les colons ont le loisir de tout faire pour terroriser les Palestiniens. Certains jeunes Palestiniens se sont rebellés, et ont confronté l'armée israélienne lors d'affrontements sanglants. Ils ont aussi défié l'Autorité Palestinienne qui a perdu toute crédibilité, en étant incapable de protéger ni les Palestiniens et leurs terres qui se réduisent chaque jour à une peau de chagrin. La chasse aux sorcières à toutes les voix de dissidence et résistance, aussi bien en Palestine mais aussi en Israël est ouverte. 

Je pense que cette année en Palestine sera encore plus difficile. Je décide cependant de faire une pause pendant un certain temps;  à moins que quelque chose de très spécifique ou un soulèvement massif ne me rappelle dans ce territoire qui représente désormais tant à mes yeux, et me colle à la peau. 

J'ai été scandalisée par la façon dont les grands médias ont décrit la situation comme un «regain du cycle de la violence" avec une forte augmentation des attaques par des Palestiniens contre les Israéliens, sans mentionner le contexte global de la violence continue perpétrée par Israël, l'occupant, au cours de décennies d'occupation et de la dépossession. Les exécutions extra-judiciaires se multiplient. 
 J' ai essayé de documenter comme j'ai pu ce qui se passait en mettant en exergue le contexte général, et le point de vue du peuple opprimé. 

Je me suis concentrée principalement sur la région de Bethléem. Les affrontements se déroulaient à environ 100 mètres de mon logement quotidien- le gaz lacrymogène envahissait de temps en temps ma maison, mais ce n'était rien à côté du camp de Al-Azzeh qui disparaissait souvent sous un nuage blanc, toxique. Les tirs des bombes assourdissantes ou des armes étaient quotidiens. Lors de mon séjour un jeune, Mutaz Ibrahim Zawahreh, a été tué dans ces affrontements, tué par un soldat israélien posté dans une tour militaire israélienne où il ne risquait rien. Mes amies palestiniennes étaient terrorisées pour leurs enfants.

J'ai visité quelques familles qui ont perdu un de leurs proches, tués par l'armée israélienne, afin de dresser le portrait intime de ceux qui avaient été "neutralisés" par l'armée israélienne selon l'expression utilisée par l'armée et reprise par les médias israéliens.

Voici quelques publications sélectionnées (en anglais)  de cette période dont je suis fière:
We deserve freedom’: Photos from Bethlehem- sur Mondoweiss, les photos des funérailles de Mutaz Ibrahim Zawahreh, 27 ans,  abattu par les forces israéliennes lors d'affrontements à Bethléem
A Jerusalem village under siege: un reportage pour Al Jazeera English sur l'enfermement du village de al-Issawiya à Jérusalem.
Portraits of Four Young Palestinians Killed by Israel:  un reportage pour  7iber magazine, probablement mon travail le plus difficile mais important pour lequel j'ai rendu visite à quatre familles palestiniennes qui pleuraient leurs proches.
Photos: Israeli agents disguised as protesters draw guns on youth: un reportage pour Electronic Intifada  sur des confrontations à Bethléem pendant lesquels des agents israéliens en civils ont été utilisés pour infiltrer les Palestiniens
A grim start to the new year in Bethlehem Une sélection pour Al Jazeera English de photos prises lors de manifestations de Bethléem au cours de mon séjour de trois mois
-  Portraits of Palestine’s youth rebellion- Une sélection de portraits saisissants de jeunes Palestiniens lors d'affrontements, accompagnés de citations. Cette série est le fruit d'un travail collectif de quatre photographes de Activestills. Je suis satisfaite que Gaza ait été inclue, et que tous ces endroits et ces luttes soient connectées. Il était également très important d'inclure les citations des jeunes, pour faire écho à leurs préoccupations et motivations.

En 2015, j'ai été sur la route. Je ne peux même pas compter le nombre d'endroits où je suis restée. Je regrette de ne pas avoir pris une photo de chaque chambre.  De l'hôtel de luxe (au Kazakhstan!) au camp de réfugiés; en passant aussi par les canapés des amis. 8 pays en tout si je ne me trompe. Des grandes rencontres, et de nombreux soutiens qui font chaud au coeur. Je retiendrais aussi l'incroyable contraste en l'atmosphère à Berlin, ouverte et en solidarité avec les réfugiés, et le climat malsain en France, recroquevillée sur elle-même, incapable de faire face au grand défi de l'accueil de l'autre, l'autre qui fuit les bombes, et des conflits que nous avons nous mêmes nourris.

 J'ai pu montré mes photos de Gaza en France, en Pologne, en Allemagne. L'exposition de photos "Obliterated Families" sur les familles de Gaza qui ont été brisées par l'agression israélienne lors de l'été 2014 a été montrée dans de nombreux pays: France, Pologne, Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, l'Irlande, l'Autriche, le Canada, Israël, Afrique du Sud, Pays-Bas, Hollande et Finlande. L'exposition est encore douloureusement pertinente, et si vous voulez la montrer, n'hésitez pas à me contacter.

En 2016, je vais continuer à être en mouvement. Même si je laisse pour l'instant la Palestine derrière moi, elle est toujours présente quotidiennement. Je travaille toujours intensivement sur le web documentaire #ObliteratedFamilies avec une équipe de gens formidables, et presque pas de financement. Plus de 20 personnes (journalistes, rédacteurs, traducteurs, etc.) ont été impliqués à ce jour à des degrés divers. 
Pour ce projet, nous avons recueilli les souvenirs de ceux qui ont péri dans les attaques, et les témoignages des survivants dont la vie a été irréversiblement changée. Sur les 54 familles visitées au total, les histoires de 10 familles, venant de différentes parties de la bande de Gaza sont racontées en profondeur.



C'est mon projet le plus ambitieux, le difficile, mais je crois le plus important. Ces familles méritent que leur histoire soit racontée de manière approfondie et sensible, et elles méritent la liberté et la justice.
Nous espérons que le web doc sortira autour du deuxième anniversaire. Si vous voulez participer ou faire un don, merci de me contacter. 

Mais pour l'instant, aussi, le Liban.

Il est bon d'être sur un terrain nouveau.  Pourtant j'ai déjà  croisé quelques visages familiers. On tombe facilement  sur des journalistes ou photographes, ou internationaux travaillant pour des ONG qui étaient en Palestine. C'est à la fois familier et troublant.

 Il me faudra un certain temps pour arriver à comprendre un peu ce pays bizarre qui n'a pas de Président depuis mai 2014!
 Beyrouth est un mélange étrange et étonnant, remplie de lieux branchés où se mêle l'arabe, le français et l'anglais à côté de quartiers très pauvres. La vie est très chère et pourtant il y a beaucoup de dysfonctionnement dans les services. Beaucoup de jeunes libanais partent.  Le pays compte plus d'un million de réfugiés! Comment cela peut-il marcher  dans un pays aussi minuscule et déjà faisant face à de nombreuses difficultés et inégalités?  Apparemment,  c'est très difficile et beaucoup de réfugiés sont laissés à eux-mêmes et on les force, sans le dire, à partir. La moitié des réfugiés qui arrivent sont des mineurs, la plupart d'entre eux ne sont pas scolarisés et beaucoup travaillent pour aider leurs familles. Il n'y a pas de camp officiel au Liban, de sorte que les réfugiés sont dispersés un peu partout, dans des camps informels, ou à l'intérieur des villes et des villages. Une situation, ou plutôt une catastrophe provoquée par les hommes,  que je veux documenter quand le moment sera venu. 

A suivre.
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Here are a few pics taken in Beirut the last days with my smart phone/ Quelques photos prises avec mon smart phone

Public spaces are very interesting as often filled with political graffitis/ Les espaces publics sont remplis de graffitis à caractère politique.









and a few others:















this is the view from my balcony