Lundi 10 Octobre
Peut-on s’installer dans une routine en Palestine ?
C’est la question que je me suis posée lors de ma première semaine de travail à l’université de Birzeit (principale université de Palestine qui se site à quelques kilomètres de Ramallah). A priori tout se passe comme partout ailleurs. Au travail à huit heures, non-stop jusqu’à 15h- on finit plus tôt à cause/grâce au Ramadan. L’université manque de moyens certes et un défilé de jeune en cagoules et uniformes militaires suite aux élections municipales m’a rappelé où je me trouvais. Mais je me retrouve derrière un bureau et un ordinateur. Le soir, on rentre vite chez soi pour se faire à manger, à moins que je m’arrête chez la famille palestinienne chez qui je m’invite tout le temps. J’ai le vendredi et le dimanche de libres. Vais-je avoir l’énergie de partir en vadrouille pour faire des photos ? Ce vendredi je suis restée chez moi, à faire du ménage et à me détendre, et dimanche aussi je ne suis allée nulle part. Alors peut-t-on s’installer dans une routine ici?
Alors ce matin, après avoir hésité je n’ai pas pris avec moi mon gros appareil photo, tout en pensant : « bon bien sûr comme je ne vais pas prendre mon appareil il va évidemment se passer quelque chose… ». Aujourd’hui je suis partie de la faculté à 16h, et dès mon entrée dans le service (taxi collectif) tout le monde ne parlait que de l’instauration d’un checkpoint temporaire (flying checkpoint) à Surda (sortie nord de Ramallah). En effet après quelques kilomètres nous nous sommes trouvés coincés dans un embouteillage provoqué par ce checkpoint. Des soldats et jeeps israéliennes barraient la route et contrôlaient les voitures. A ce même endroit un véritable barrage avait été instauré pendant des mois en 2002-2003, ce qui avait complètement paralysé l’université. Les étudiants avaient même organisé des cours devant le barrage pour protester.
Nous sommes tous descendus du checkpoint pour continuer à pied. Il fallait marcher sur au moins deux kilomètres à travers le chaos des voitures, des klaxons et la poussières. Au milieu des soldats avec leur qui font ou non passer les gens selon leur bon vouloir par un geste de la main arrogant. J’ai pris quelques photos avec mon petit appareil photo, enfin de lion car de près le soldat m’a fait effacer les photos que j’avais prises.
Cela m’a pris près d’une heure trente pour arriver alors que sans chekpoint cela prend 15 minutes.
Pour les personnes qui ne sont pas passés à pied et sont restés dans les voitures, je suis sûre qu’ils ne sont pas rentrés à temps chez eux pour le repas du Ramadan, ce qui est particulièrement cruel. Ainsi la vie quotidienne peut être régulièrement interrompue. Est-ce qu’on peut aussi s’habituer à cela ?
ENGLISH. Monday, 10 October.
Can we get into a routine in Palestine ?
As I spent my first week at work, at the University of Birzeit I was asking myself this question. I spent my days at my desk, doing some research on my computer as everywhere else. The university is quite nice, it is the main university in Palestine. Well there was still that parade of young masked men wearing military clothes after the local elections that made me remembered where I was. But apart from that, it is pretty much as everywhere else. I go to work at 8 until 3 pm (sooner that usual because of Ramadan), then I go home when I do not stop to eat with the Palestinian family I always go to. I have Fridays and Sundays off. Will I have the energy to go out those days to take pictures? I hope so but this week I just stayed at home (because it is so nice to have one!) and relax. So this morning I did not take my big camera but I also thought “well I am sure that just because I do not take it, surely something will happen”. And indeed, as soon as I got into the service (collective taxi) I heard the students talking about a flying checkpoint in Surda; located just north of ramallah. Then after a few kilometers we were stuck into a traffic jam provoked by the checkpoint. We all had to get out and walk through all the chaos, the cars, the dust, the klaxons. In the middle there were some soldiers and military jeeps. With an arrogant gesture of the hand, they decided if the persons and cars could pass or not. I took a few pictures with my small camera- from far away after that the soldiers erased the pictures that I took close to them. We had to walk for at least two kilometers and then again we had to find a taxi. It took me one hour and a half to arrive instead of 15 minutes. I am certain that the Palestinian who were in the cars will not be on time for their Ramadan dinner, which is particularly cruel. Thus day-to-day life can be interrupted. Can we also get used to it?
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