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Lundi 30 Janvier 2005; temps des elections en Palestine

Depuis les elections la Palestine est en ebullition. Tout le monde y va de son analyse.
Les elections ont provoqué des réactions au niveau international comme bien evidemment chez les Palestiniens. L'ampleur de la surprise a quelque peu occulté le fait que les elections se sont passées d'une manière remarquable dans des conditions difficiles. Les Palestiniens se sont rendus en masse dans les bureaux de vote. Le jour des elections, j' ai été impressionnée par l'organisation; l'enthousiasme et le serieux avec lesquels les Palestiniens ont considéré ces elections alors que malgré tout; ils n'ont pas encore leur pays et vivent sous occupation militaire.
On ne devrait pas être si surpris des résulats. Depuis dix ans d'existence de l'autorité palestinienne, la situation de la majorité des Palestiniens ne s'est pas améliorée, bien au contraire. Le processus de paix est au point mort depuis des années et l'autorité palestinienne n'a pu enrayé le processus de colonisation qui a rendu caduque sur le terrain les promesses de Oslo. Les raisons de la victoire du Hamas sont multiples, mais ce qui ressort c'est avant tout un vote de rejet de la politique du Fateh. L'autorité palestinienne n'a pas rempli son contrat auprès des Palestiniens et n'a servi qu'une elite qui a bien prospéré; tandis qu'elle s'est avérée incapable de développer une stratégie efficace de négociation avec Israël. Le Hamas a mené une campagne efficace au niveau local et alors que je voyageais les jours précédents les elections, j'ai pu constater combien il était présent dans les villages. Les Palestiniens ont voté pour le changement. Ainsi va le jeu démocratique.
A mon travail, depuis quelques jours les discussions vont bon train. Ce qui domine est l'incertitude. Certaines de mes collègues ont peur de l'impact sur les femmes. D'autres sont agacés de l'ingérence internationale ou encore certains sont inquiets pour le futur des négociations. Mais je dois dire que de nombreux Palestiniens dans la rue comme dans tous les niveaux sociaux ont vraiment l'espoir d'un changement. Que va-t-il se passer maintenant?
Il faut avant tout leur laisser le temps de digérer le tremblement de terre. Pour le Hamas, le défi est de taille. Le pouvoir va les amener à prendre leurs responsabilités.. Il a d'ailleurs modéré son discours et a appelé les autres partis à se joindre à lui pour former un nouveau gouvernement. Il s'est dit prêt à une paix avec Israël à certaines conditions. Il ne faut pas non plus oublier que la Palestine a une société civile dévéloppée qui fera aussi entendre sa voix et qu'il existe aussi des lois Palestiniennes; notamment une loi fondamentale, que le Hamas a promis de respecter. A cette croisée des chemins, j'espère que la communauté internationale saura donner ce temps nécessaire aux Palestiniens et au Hamas de se recomposer. Donner des leçons de démocratie et imposer un chantage à l'aide internationale d'une façon abrupte risque d'envoyer le mauvais message et d'avoir un effet non seulement contre-productif mais destructeur. Supprimer l'aide internationale ne fera que renforcer le desespoir et favoriser l'extremisme. La communauté internationale ne peut pas à la fois tout concéder à Israël; qui viole d'une façon évidente le droit international; et imposer des conditions radicales aux Palestiniens. Si la communauté internationale veut conditionner l'aide internationale à la renonciation de la violence et la reconnaissance de l'Etat israélien, elle devrait employer les mêmes moyens de pressions sur Israël.
A ce stade, il faut être vigilants, pas alarmistes. En tout cas, les Palestiniens ne doivent pas être punis car ils ont voté pour un choix qui ne nous convient pas. J'ai dialogué avec une Israélienne par internet, et nous étions d'accord: attendons de voir ce que le Hamas propose.
En attendant, les territoires palestiniens sont toujours occupés. Hier cela m'a pris trois heures pour me rendre à Hebron qui ne se trouve pourtant qu'à 70 kilomètres de Ramallah. Aussi est passée complêtement inaperçue la mort d'une fille de neuf ans, à Gaza. Elle a été tuée par des soldats israéliens alors qu'elle s'approchait du Mur. Selon leur rapport; ils ont vu une personne qui s'approchait d'unn zone militaire interdite avec un sac suspect et l'ont prévenue par haut parleur, certainement en Hébreu. Le corps de la fille n'a été trouvé que plusieurs heures plus tard. Est-ce que cette menaçait la sécurité d'Israël?
Les médias, alors qu'ils se font l'echo des inquietudes internationales face à l'election du Hamas; oublient de replacer les élections dans leur contexte, celle d'un peuple de plus en plus las des promesses non tenues: les promesses de ses leaders, des Israéliens mais aussi les nôtres.