Trois fois par semaine ; les femmes palestiniennes du camp de refugiés de Aïda envahissent le centre culturel al rowwad dans lequel je travaille et virent les hommes. L’espace devient leur. Elles tombent les voiles et les problemes domestiques.
J’avais decidé de me joindre à elles, apres tout moi aussi j’ai besoin de bouger et de créer des liens. Assise devant mon ordinateur j’ai été ainsi soudain happée par de la musique arabe, à fond et très rythmée. La seance avait commencé et je me suis jointe au groupe. La jeune animatrice se bouge dans tous les sens et motive les troupes. Nous n’avons de machines sophistiquées, juste des tapis et une chaine stereo. Les femmes, dont l’âge varie d’une vingtaine à une cinquantaine d’années, se donnent à fond. Il faut dire que la vie des femmes palestiniennes n’est pas toujours drole. Elles doivent faire face à toutes les tâches menageres, s’occuper des enfants avec de moins en moins de ressources. Et qui parmi elles n’a pas un mari ou un fils en prison ou un martyr dans la famille ?
Là, pendant deux heures, elles se retrouvent et oublient tout. Dans le camp, il n’y a rien. Pas de restaurant, pas de cafés, pas de centre pour les femmes. Leur seule vie sociale consiste aux visites dans les familles.
Soudain on s’arrete, l’animatrice me parle en arabe, je ne comprends rien. Mais tout le monde se met à me regarder, et elle met comme musique la Macarena. Je comprends alors qu’elles veulent que je leur apprenne la choregraphie de la Macarena ! Je regrette de ne pas avoir été plus attentive aux marriages et autres evenements dansants, à l’evidence je ne suis pas la bonne personne pour faire une démonstration ! Je me contente donc de sauter en l’air en essayant de ne pas faire trop attention à tous les regards amusés. Apres tout je suis là aussi pour me defouler.
La gêne ne s’arrête pas là puisque nous passons à la danse arabe. Bon déjà j’ai un certain probleme à danser sous des lumieres des neons en plein milieu de l’apres midi, mais en plus sur de la danse arabe !!!!
De voir ces femmes, quelquefois tres rondelettes, onduler et se dehancher avec autant d’aisance et de grâce, c’est un vrai delice. Pour l’instant impossible pour moi de reproduire ces petits mouvements des hanches ; accompagnés par ceux parallèles des epaules. Mais comment font-elles ?!!! Une femme essaye de me montrer, nous rions ensemble de ma gaucherie. Les mains virevoltent en l’air, legerement, en suivant le rythme de la musique. Au-dessus de tous les problemes. La danse finit. C’est desormais l’heure du café arabe et des echanges. L’animatrice essaye de m’expliquer en Arabe que son mari est en prison ; une heure rit de moi et ouvre de grands yeux quand je lui dis que j’ai trente ans et que je ne suis pas mariée. Elle a 22 ans et déjà quatre enfants.
Je décide sans hesiter à m’inscrire à ce joyeux cocktail où je peux prendre à la fois des leçons de danse, d’arabe, de gym et de vie. A suivre.
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