Chroniques d'une photographe,specialiste des droits humains en Palestine et ailleurs, Chronicles of a French photographer, specialist in human rights, in Palestine and elsewhere
Thursday, November 24, 2011
"Human area! ", Qalqiliya checkpoint; 5 to 7 am, 22.11.2011 Palestinian workers cross checkpoint / de 5h à 7 heures du matin-
(c) Anne Paq/Activestills.org, Qalqiliya, West Bank, 22.11.2011.
Thousands of Palestinian workers go through Eyal checkpoint; located north of Qalqiliya to reach their workplace in Israel. They have to go through different security checks; some very humiliating. The crossing can take between 30mn to 2 hours. Palestinians start to be at the checkpoint from 3am onwards. Average transportation cost would be around 70 Nis a day, thats about one third on what they will make in the day. It's cold at 4 in the morning. Palestinians try to warm up as they can- coffee, tea or gathering around a fire. There is a kind of waiting area before the checkpoint that is quite lively. Under the neon lights, several stalls line up offering falafel and other sandwiches. A mosque has been improvised between a falafel and a coffee shop . Some Palestinians hang out there and talk a little while others rush to the checkpoint. They must first follow a corridor, with as a depressing backdrop the concrete Wall and an Israeli military tower which dominates coldly the crowed. It's a steady stream of silhouettes swallowed by the night and the system of occupation that I photograph. This is the daily humiliation that we do not talk enough about, the one that slowly but surely eat the souls. I cannot get into the checkpoint, I can only accompany them to the first door with a turnstile and a sign " defense to photograph", but the military tower has not even barked at me yet so I continue to photograph. Photographing the humiliation is not an easy task. I have to repeat myself all the tim that it is important- to document in order to expose, challenge and fight the oppression and injustice. I will be able to answer to people who tell me that the Palestinians have nothing to complain about as they have shopping mall and restaurants. Most of these people, after just going one time through a checkpoint like Eyal that some Palestinians have to cross everyday day would go mental and come out with rage, and rightly with the impression of having being treated like cattle.
After two hours, the military tower finally wakes up and barks at me, of course in Hebrew: "This is a military zone, it is forbidden to take pictures!" Unfortunately I have no megaphone to respond: "This is an human area! it is strictly forbidden to treat humans like animals!"
-------Français-------------------------------------------------------------------
Des milliers de travailleurs palestiniens passent par le checkpoint "Eyal", situé au nord de Qalqiliya pour atteindre leur lieu de travail en Israël. Ils doivent passer par différents contrôles de sécurité, certains très humiliants, comme les fouilles corporelles. La traversée peut prendre entre 30mn et 2 heures. Les Palestiniens commencent à être au checkpoint à partir de trois heures. La moyenne des coûts de transport est autour de 70 Nis par jour, c'est à peu près un tiers de ce qu'ils gagneront dans la journée.
Il fait froid à 4 heures du mat. Les Palestiniens se réchauffent comme ils peuvent à coup de cafés, de thés ou en se rassemblant autour d'un feu. Le hall est assez animé. Sous les néons, plusieurs échoppes s'alignent proposant falafel et autre sandwich. Une mosquée s'est improvisé sous la tôle. Des Palestiniens trainent un peu là et discutent tandis que d'autre se pressent vers le checkpoint. Ils doivent d'abord suivre un couloir, avec un toile de fond assez déprimant le Mur, ici en béton et une tour militaire qui les domine froidement. C'est un flot ininterrompu de silhouettes avalées par la nuit et le système d'occupation que je photographie. C'est l'humiliation quotidienne dont on ne parle pas assez, celle qui vous ronge les âmes.
Je ne peux pas rentrer dans le checkpoint; je ne peux que les accompagner à la première porte grillagée avec un tourniquet et un panneau "défense de photographier", mais la tour militaire ne m'a pas encore aboyer dessus alors je continue de photographier. Photographier l'humiliation n'est pas une chose facile. Je dois me redire sans cesse et me convaincre que c'est important- de documenter pour mieux dénoncer, interpeler et combattre l'oppression et l'injustice. Je peux répondre à des personnes qui m'expliqueront que non les Palestiniens ne sont pas à plaindre car ils ont des shoppings mall et des restaurants. La plupart de ces personnes, après un seul passage par un des checkpoints comme celui de Eyal; qu'empruntent quotidiennement les Palestiniens, en sortiraient avec une révolte et une rage, et l'impression d'avoir été traité comme du bétail.
Après deux heures, la tour militaire s'est réveillée et m'a aboyée dessus, en hébreu évidemment: "ceci est une zone militaire, il est interdit de prendre des photos!"
Je n'ai malheureusement pas de mégaphone pour répondre: "Ceci est une zone humaine- il est interdit de traiter les humains comme des animaux!".
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