Tuesday, February 07, 2012

Entering the deadly zone, demonstration in front of Erez / Entrer dans la zone de mort: Manifestation devant Erez, Beit Hanoun, Gaza Strip, 07.02.2012












(c) Anne Paq/Activestills.org, Beit Hanoun, 07.02.2012.

Since 2008, demonstrations are organized in front of Erez in Beit Hanoun. This is in defiance of the "no go zone" imposed unilaterally by the Israelis. Any person who approaches the Green Line is under risk of being shot at. In fact many farmers; or rubble collectors have been shot in these border areas. The "no go zone" is not really defined. The Israelis announced a 300 meters line not to be crossed but people have been shot as far as 1,5 kilometer away from the border. All this "shoot and kill" policy means than more than 30% of the agricultural land in Gaza has been made inaccessible to Palestinians due to the imminent danger of shooting by the Israeli army. This is affecting thousands of farmers along the roughly 50km-long border with Israel. Many lands in these areas have been bulldozed. Houses were destroyed especially during Operation Cast Lead. The zone has become a strange no-mans land with not one tree standing. For more information see here.

In defiance of this policy, Palestinians and their supporters walk with great courage every Tuesday into the buffer zone. Last time I went to the demonstration in Beit Hanoun, Vik (Victorio Arrigoni, a long-termer Italian solidarity activist and journalist who was killed on 15 April 2011 by suspected members of a Palestinian Salafist group in Gaza) was there. I would certainly not have imagined than one year and an half year ago I would be back in the same demonstration where a football game would be held in his memory. The demonstration was also held in memory of Mustafa Tamimi from the West Bank village of Nabi Saleh. All suddenly the demonstration took a different meaning. It was somehow heartwarming to hear a familiar name: Nabi Saleh, here in Gaza, connecting all the places involved in the popular resistance. The more connections are being built, the stronger it will become. It was also good to walk for Vik.

We met as last time near the destroyed building of the agricultural college of Beit Hanoun and walked into the direction of Erez, together with flags from different countries and footballs. One noticeable sad difference with last year was the absence of women in the demonstration; apparently it has become too sensitive now for them to participate. When we reached the open field we continue further and further until a distance of about 50 meters from the concrete Wall and Erez crossing.
In 2010, we could only approach within 250 meters. Unlike the demonstrations in the West Bank, here we see only rarely Israeli soldiers. Yet they are there, hidden in their military towers and they can shoot at any time, as they did last week and here, there is nowhere to hide or take cover. You feel completely vulnerable.
After a few launch in the air of the footballs, we retreated a bit to enjoy a football game between a team made up of internationals and a team of Palestinians.

Beit Hanoun is currently the only place in the Gaza Strip where such regular demonstrations are held. Saber Zaaneen (photo n.1) , the coordinator of the Beit Hanoun Local Initiative, is one of the main organizers of the protest. See below some extracts of an interview I conducted in October 2010:

" On 2nd July 2008, the Israeli army announced the existence of a “buffer zone”. As Palestinians, we refuse to call it “buffer zone”. A buffer zone is between two countries, but the so called “buffer zone” is on Palestinian lands and we do not accept it. We call it “zones where Palestinians do not have access”. [OCHA uses the term “no go” zone]. In Beit Hanoun we are particularly affected because we have the greenline on the north and on the east. We decided to do something to oppose this decision and resist. We had to support the farmers. I love what they are doing in Bil'in, Ni'lin, in Al Ma'sara to resist the Wall. We were inspired by them and we decided to do the same in Gaza. On 27 July 2008, we organized our first demonstration against the “buffer zone” to say: we are here and we will not move. We went to the direction of Erez, carrying some Palestinian flags. Hundreds of people came. But when we approached, the Israeli army shot at us, even before we reached the 300 meters. The Israeli army then increased the shootings. Farmers were shot, even if they were standing after the line. Many young people collecting rubble were also shot.
(...)

There is a high price to pay. It can be death. I am not supposed to die there because I am an unarmed civilian, but I know it can happen. I think of my family and it is hard, but this is my duty. Anyone who wants freedom has to pay. We will continue to struggle until we got our rights. We will never stay silent."


---Français---------------------------------------------------------------------------------------------------

Depuis 2008, des manifestations sont organisées en face de passage d'Erez (passage pour les personnes entre la bande de Gaza et Israël) à Beit Hanoun.

Ces manifestations défient la «no go zone» (zone interdite) imposée unilatéralement par les Israéliens. Toute personne qui s'approche de la Ligne verte s'expose au risque de se faire tirer dessus ou de se faire bombarder dessus. En fait de nombreux agriculteurs, ou les collecteurs de gravats ont été pris pour cibles dans ces zones frontalières. La "no go zone" n'est pas vraiment définie. Les Israéliens ont annoncé une ligne de 300 mètres à ne pas franchir, mais des personnes ont été prises pour cible jusqu'à une distance de 1,5 kilomètre de la frontière. Cette politique de "shoot and kill" signifie que plus de 30% des terres agricoles dans la bande de Gaza a été rendue inaccessible aux Palestiniens en raison de l'imminence du danger des tirs de l'armée israélienne. Cela affecte des milliers d'agriculteurs le long de la frontière environ 50 km de long avec Israël. Beaucoup de terres dans ces zones ont été détruites au bulldozer. Des maisons ont été détruites en particulier pendant l'Opération Plomb Durci. La zone est devenue une zone fantôme avec plus un arbre debout ni une âme. Plus d'info ici.

En dépit de cette politique, les Palestiniens et leurs partisans marchent avec beaucoup de courage tous les mardis dans la "no go zone". La dernière fois que je suis allée à la manifestation à Beit Hanoun, Vik (Victorio Arrigoni, un activiste de longue date et journaliste italien qui a été tué le 15 Avril 2011 par des membres présumés d'un groupe salafiste palestinien à Gaza) était là. Je n'aurais certainement pas pu imaginer qu'un an et demi plus tard; je serais de retour dans la même manifestation, où un match de football aurait lieu en sa mémoire. La manifestation était aussi organisée à la mémoire de Mustafa Tamimi du village de Cisjordanie de Nabi Saleh, tué par une cartouche de gaz lacrimogène le 9 December 2011. Soudainement, la manifestation a pris un sens tout différent. Il était en quelque sorte réconfortant d'entendre un nom familier: Nabi Saleh, ici, à Gaza, reflétant ainsi un lien qui se crée entre tous les lieux impliqués dans la résistance populaire. Plus ces liens se feront; plus la résistance populaire prendra de l'ampleur. Il était aussi reconfortant de marcher au nom de Victorio.

Comme la dernière fois, nous nous sommes rassemblés à proximité du bâtiment détruit du collège agricole de Beit Hanoun et nous avons marché en direction d'Erez, avec des drapeaux de différents pays et des ballons de foot. Une différence notable triste avec l'année dernière était l'absence des femmes dans la manifestation, apparemment c'est devenu trop sensible avec le hamas maintenant pour elles pour participer.
Quand nous sommes arrivés au champ ouvert devant Erez, nous avons continué de plus en plus jusqu'à une distance d'environ 50 mètres du Mur en béton et du passage d'Erez.
En 2010, nous n'avions approcher qu'à 250 mètres. Contrairement aux manifestations en Cisjordanie, ici on ne voit que rarement les soldats israéliens. Pourtant ils sont bien là, dans leur tour militaire et ils
peuvent tirer à tout moment, comme ils l'ont fait la semaine dernière. Ici, il n'y a nulle part où se cacher ou se mettre à couvert. On se sent complêtement vulnérables.
Après un lancement en l'air de ballons de football, nous nous sommes retirés un peu pour profiter d'un match de football entre une équipe composée d'internationaux et une équipe de Palestiniens.

Beit Hanoun est actuellement le seul endroit dans la bande de Gaza, où de telles manifestations sont organisées régulièrement. Saber Zaaneen (photo n.1), le coordinateur de
Beit Hanoun Local Initiative,, est l'un des principaux organisateurs de la manifestation. Voir ci-dessous des extraits d'une interview que j'ai conduite en Octobre 2010:

"Le 2 Juillet 2008, l'armée israélienne a annoncé l'existence d'une« zone tampon ». En tant que Palestiniens, nous refusons de l'appeler« zone tampon ». Une zone tampon est entre deux pays, mais ce qu'ils appellent ici la « zone tampon »est sur
les terres palestinienne et nous la refusons. Nous l'appelons "zone où les Palestiniens n'ont pas accès". [OCHA utilise le terme "no go" zone].

A Beit Hanoun, nous sommes particulièrement affectés parce que nous avons la Ligne verte au Nord et à l'Est
. Nous avons décidé de faire quelque chose pour s'opposer à cette décision et de résister. Nous devons soutenir les agriculteurs. J'aime ce qu'ils font à Bil'in, Ni'lin, Al Ma'sara pour résister contre la construction du Mur. Nous avons été inspirés par leur exemple et nous avons décidé de faire de même chose dans la bande de Gaza. Le 27 Juillet 2008, nous avons organisé notre première manifestation contre la "zone tampon" afin de dire: nous sommes ici et nous ne bougerons pas Nous avons marché en direction du passage d'Erez, avec des drapeaux palestiniens. Des centaines de personnes sont venues. Mais quand nous nous approchés, l'armée israélienne a tiré sur nous, avant même que nous ayons atteint les 300 mètres. L'armée israélienne a ensuite multiplié les tirs. Des agriculteurs ont été abattus, même s'ils étaient après la limite. Beaucoup les jeunes qui collectent des gravats ont également été abattus.
(...)
Il y a un prix élevé à payer. Il peut être la mort. Je ne suis pas censé mourir parce que je suis un civil non armé, mais je sais que cela peut arriver. Je pense à ma famille et c'est difficile, mais c'est mon devoir. Celui qui veut la liberté doit payer. Nous allons continuer à lutter jusqu'à ce que nous ayons nos droits. Nous ne serons jamais réduits au silence. "

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