Tuesday, June 07, 2016

Le projet Obliterated Families bientôt fini- appel à soutien


Voilà la raison principale de mon silence sur le blog : je travaille depuis presque deux ans sur le projet Obliterated Families. Une documentation des familles de Gaza dont la vie a été bouleversée à jamais par les attaques israéliennes. Des familles entières onté été tuées. On les a comptées, répertoriées. Les listes des noms, avec les âges de chacun-e ont été établies. Mais que sait-on d'elles ? Qui sont ces disparu-e-s ? Comment les survivants font face ? Est-ce qu'un jour justice sera faite ?

Il y a deux ans j'étais en europe et je commençais à réaliser en Juin que les choses allaient empirer. Lorsque l'offensive a commencé, ma vie a basculé. Je ne pouvais pas rester en Europe alors que Gaza, une nouvelle fois, était sous les bombes. Je suis partie sans hésiter. Pas parce que je voulais jouer les héroïnes, mais parce que je ne pouvais pas faire autrement. Je ne suis ensuite plus revenue en arrière. Alors que je documentais les attaques, et que les jours défilaient, amenant leur lots d'horreurs, je réalisais à quel point nous- journalistes et photographes- perdions le fil. Les détails personnels disparaissaient pour laisser place aux photos chocs des blessés, des corps mutilés. Même les noms devenaient des informations difficiles à obtenir dans le chaos de la guerre. Comment donner un sens à tout ça ? Comment retrouver les familles et reconstruire leur histoire, dans une course contre l'oubli ? Je suis retournée sur place après le cessez-le-feu. Peut-être aussi une manière à moi de faire face à mon propre traumatisme.

Il a fallu retrouver les traces avant qu'elles disparraissent. Des photos, des bribes de vie, un sac d'école qui ne servira plus, le maquillage qui prend la poussière, les jardins enfouis sous les décombres, un bureau qui a perdu son architecte. Les survivants qui décrivent comment c'était, la vie tous ensemble, avant cet été fatal de 2014 où les bombes aveugles se sont mises à pleuvoir sur la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Pas d'endroit pour se protéger. Il s'agissait d'attendre la mort, et de se préparer toujours au pire. Souvent alors dans ces moments là, les familles préféraient se regrouper. D'autres faisaient le choix de se séparer, en se disant que peut-être comme cela une partie de la famille allait survivre.

Le pire c'est que si vous vous en sortez, vous vivez dans l'angoisse de la prochaine offensive. Ce n'est qu'une question de temps. Le traumatisme devient un état permanent. Des générations PTSD.
Alors il faut se battre, pour dire haut et fort que ces familles méritent justice . Qu'elles ne peuvent pas juste disparaître ainsi de la surface de la terre, sans que personne ne se dresse contre ces crimes.
Ces fantômes de Gaza devraient hanter les consciences, car si Israël a pu mener ces bombardements dont les principales victimes ont été des victimes, c'est grâce que soutien de la communauté internationale. Il ne faut pas que cela recommence.

Alors regardons ces familles bien en face, comprenons qui elles étaient, réalisons à quel point elles ne méritaient pas ça. Et agissons.

Voila nous avons un mois pour boucler le web documentaire.


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